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Kino Digital : Cinéma nordique
Ici, on vous invite à survoler en quelques pages les notules "critiques" présentes sur certains tests dvd de la rubrique "Cinéma nordique" de Kino Digital. Les films — inédits en France — sont classés par années de sortie. Dans une même année, le classement est fait par ordre alphabétique de titres originaux. Vous trouverez essentiellement des films suédois, mais aussi quelques titres norvégiens, danois, islandais et finlandais. Bien sûr, les avis exprimés ici n'engagent que le ouebmestre du site.
 
Suède - les années 1990
Black Jack (Colin Nutley, 1990)
Au tout début des années 1990, à Gävle et dans ses environs, Kaj (mécano dans un garage), Robert (employé dans une supérette) et Lennart (agent de police) ne vivent que pour une chose : pouvoir sortir ensemble le vendredi soir, boire, danser et draguer les filles. Au cours d'une de leurs virées, à l'approche des fêtes de Noël, ils ont la surprise de voir Inger Forsberg — la fille du proviseur de leur ancien lycée, revenue de Stockholm après six ou sept ans d'absence — évoluer sur la piste de danse. Pour le timide Kaj, c'est le coup de foudre. Il se met aussitôt en tête de lui faire la cour...

Alors, "oui", le scénario est des plus banals. "Oui", le casting et la photographie ne font pas beaucoup rêver. "Oui", la musique de schlager peut faire dresser les cheveux sur la tête. Et pourtant... Pour peu que l'on fasse preuve d'un soupçon de curiosité, c'est un film qui fait mouche. D'abord, il nous propose une balade assez dépaysante — vu de France s'entend — dans l'univers si particulier des orchestres de danse à la suédoise (à l'époque où le film a été tourné, la Suède en comptait dans les 3.000). Ensuite, avec leurs têtes de gens très ordinaires, un peu ploucs, il faut bien reconnaître que les comédiens y vont de bon coeur et qu'ils parviennent très vite à rendre leurs personnages à la fois crédibles et attachants (Reine Brynolfsson — sorte de cousin suédois d'Austin Powers — est même assez désopilant). Quant à la question qui plane sur toute cette aventure — pourquoi les filles finissent-elles généralement par craquer pour les sales types ? — difficile de nier son caractère universel. C'est un film qui rappellera des choses à bien du monde.
 
Ha ett underbart liv / Roulez jeunesse ! (Ulf Malmros, 1992)
Alors qu'il fait son service militaire dans le nord de la Suède, Peter apprend que sa petite amie se donne du bon temps dans les bras de son pote Niklas. N'écoutant que sa colère, il fait le mur et prend la route de Stockholm, bien décidé à demander des comptes. Chemin faisant, il tombe sur Hanna qui regagne le sud, elle aussi, en compagnie de son père...

Que dire ? Ce premier vrai long métrage d'Ulf Malmros (Den bästa sommaren, Smala Sussie, Tjenare Kungen) est une sorte de "buddy roadmovie" sentimental. Au départ, Peter et Hanna ne s'apprécient que très modérément. Puis ils se voient contraints de faire route ensemble, ils surmontent ce qui les oppose et — on s'en doute — finissent par s'apprécier... Ici, on n'a pas encore le petit grain de folie qui anime "Smala Sussie" ni l'énergie juvénile de "Tjenare Kungen", mais, à voir certains personnages (le lieutenant à la caserne, le père d'Hanna, quelques figures pittoresques croisées sur la route), certaines situations, on se sent déjà en terrain connu. L'ensemble n'en demeure pas moins relativement sage. On rit de temps en temps — grâce à Kjell Bergqvist — et l'on attend tranquillement la fin du voyage, comme un passager qui regarderait défiler le paysage assis à l'arrière de la voiture. Incidemment, le titre français "Roulez jeunesse !" n'est qu'un titre informel. La traduction littérale du titre original est "Ayez une vie merveilleuse".
 
Svart Lucia / La prémonition (Rumel Hammerich, 1992)
A Stockholm, au début des années 90, la jeune Mikaela Holm a des nuits agités, des migraines, des visions étranges parfois. Elle a le sentiment diffus que quelque chose va arriver et couche tout ce qui lui passe par la tête sur des cahiers à la couverture noire. Au lycée, elle éprouve également une passion trouble pour son professeur de suédois. Elle s'amuse d'abord à le provoquer en lui soumettant des nouvelles érotiques, puis se met à le suivre, puis à l'espionner. L'homme semble ne s'apercevoir de rien, mais, petit à petit, la jeune fille constate que l'écart entre la vie réelle et ses fantasmes littéraires se réduit de façon inquiétante...

Ce film n'est pas facile à résumer, et, pour tout dire, j'en avais largement oublié la trame deux jours à peine après l'avoir visionné. Est-ce à dire qu'il s'agit d'un mauvais film ? La réponse est non, mais, il faut bien reconnaître que son histoire est plutôt tirée par les cheveux. Sur le plan formel, c'est assez bien fichu. C'est filmé avec une certaine élégance et l'on nous sert tous les trucs hollywoodiens de films-qui-font-peur (lents mouvements de caméra vers l'avant, sur les côtés ; jeux avec l'obscurité ; bruits soudains). Dans la distribution, Tova Magnusson — absolument charmante — fait une prestation remarquable. C'était son premier grand rôle (la même année, dans "Ha ett underbart liv" d'Ulf Malmros, on ne la voyait que quelques secondes) et elle bouffe littéralement l'écran. Côté scénario, en revanche, on ne sait trop à quel saint se vouer. Comme le titre informel le laisse entendre, il s'agit d'une histoire de prémonition, mais c'est peu de dire que les chemins qui nous conduisent à la révélation finale sont tortueux. En bref, ce "cauchemar de la Sainte-Lucie" est à prendre avant tout comme un sympathique exercice de style.
 
Rapport till himlen / Rapport au Paradis (Ulf Malmros, 1994)
en préparation...
 
Jägarna / Les chasseurs (Kjell Sundvall, 1996)
Erik Bäckström vient de perdre son père. Il quitte Stockholm où il a servi comme policier pendant plusieurs années et s'en retourne au pays, dans le Norrland. Les funérailles sont l'occasion de retrouver son frère — Leif —, les souvenirs d'enfance et tous les anciens amis. A n'en pas douter, cette nouvelle affectation lui permettra de se donner du bon temps et d'oublier les vicissitudes de la vie urbaine. Seulement, à partir du moment où il se met à enquêter sur les braconniers qui s'en prennent sauvagement aux troupeaux de rennes des environs, le temps se gâte et il comprend peu à peu qu'il gêne beaucoup de monde...

Dans ce film — qui a une certaine renommée en Suède — on lorgne davantage en direction du thriller hollywoodien violent que du côté de "Bienvenue chez les Ch'tis". De fait, en regagnant le Nord, le héros se trouve bien vite confronté à une bande d'abrutis fortement alcoolisés, lourdement armés, sexistes en diable (du reste, les femmes sont étrangement minoritaires dans cette histoire suédoise), évidemment xénophobes et particulièrement cruels avec les animaux. N'en jetez plus ! Cela dit, malgré le soin apporté à la réalisation, malgré les grands espaces, malgré la sauvagerie de la scène de braconnage d'ouverture, cela ne marche pas tout à fait comme prévu. Là où les Américains parviendraient à nous faire vraiment peur en nous confrontant à une de ces bandes de psychopathes dont ils ont le secret, Kjell Sundvall peine à nous faire prendre tout cela au sérieux. Pire : pour peu que l'on connaisse la région où le film a été tourné, on a franchement du mal à y croire. Ce n'est pas qu'il soit impossible de se faire trucider dans les forêts du Norrbotten, mais cette espèce de descente aux enfers au pays des Bisournours (parce que la région d'Älvsbyn, ce n'est pas à proprement parler le Bronx ou la banlieue de Bagdad) tient plutôt de la science-fiction. Lennart Jähkel et Jarmo Mäkinen ont beau avoir la gueule de l'emploi, il manque ce je-ne-sais-quoi de réalisme et de conviction (les trois autres acolytes de la bande sont franchement transparents) qui permettrait d'emporter l'adhésion du spectateur. "Les chasseurs" est surtout à prendre comme un exercice de style, voire comme un conte moral sur le dangereux voisinage des armes à feu et de l'alcool, mais, côté thriller réaliste et haletant, on reste un peu sur sa faim.
 
Sanning eller konsekvens / Action ou vérité ? (Christina Olofson, 1997)
A Stockholm, dans le quartier de Södermalm, à la fin des années 1990. Nora, 12 ans, est en 6ème. Elle a encore un pied dans l'enfance et entre doucement dans l'adolescence. Elle aimerait bien avoir l'assurance de sa copine Sabina, être admise dans le petit cercle des "meneurs" (ces gosses qui ont le verbe haut, qui traînent dehors le soir, qui fument...), mais leur dureté — notamment à l'égard de Karin Eriksson, une grande fille timide au physique ingrat — la met parfois mal à l'aise...

La peinture de la pré-adolescence ou de l'adolescence au féminin est un genre en soi dans le cinéma suédois (on a tourné et on tourne encore beaucoup de films sur ce thème "là-haut"). Ici, pas de grandes surprises, le chemin est bien balisé. On a les petites scènes de classe, de récréation, de cantine, les scènes à la maison avec des adultes plus ou moins dépassés, plus ou moins présents, les copines qu'on invite à manger, les séances de maquillage, les moments de confidences, les boums... tout un tas de choses déjà vues cent fois, mais qui parviennent malgré tout à toucher. Il faut dire que le jeu sensible de l'interprète principale — Tove Edfeldt, qu'on a revue à 16 ans dans le feuilleton "Barnen på Luna" puis à 19 ans dans "Hannah med H" — est assez emballant, et que, à ses côtés, Alexandra Dahlström et Emelina Lindberg font merveille en petites "femelles alpha" auxquelles on collerait bien quelques mornifles. Les rapports entre les gamins sont assez bien vus (on voit bien, lors des revisionnages, que les groupes dans la classe ont été composés de façon réaliste) et la description des stratégies employées pour se faire des ami(e)s ou repousser des rivaux ne va pas sans réveiller des souvenirs. C'est incontestablement une réussite.
 
Tomten är far till alla barnen / Qui a fait un bébé à ma femme ? (Kjell Sundvall, 1999)
A Noël, Sara invite tous ses amis à réveillonner. Pendant le repas, elle annonce qu'elle attend un enfant de Janne, son nouveau compagnon. Ce qu'elle ignore, c'est que ce dernier s'est fait stériliser deux ans auparavant ! La soirée finit par tourner au jeu de massacre...

Un Noël en famille (élargie) chez les Suédois : c'est peu de dire que — d'un point de vue ethno-touristique — les spectateurs non scandinaves sont à la fête... On entre assez facilement dans l'histoire, on suit les divers protagonistes avec un oeil intrigué, on s'amuse des quiproquos, des engueulades, et le suspense— avec qui Sara a-t-elle fauté ? — nous tient en haleine... Seulement, quand les masques tombent, on finit par être un peu déçu, avec le sentiment d'avoir assisté à un best of d'émissions de débats psycho-socio-cul : de la difficulté de vivre en couple, de la famille recomposée, de l'adultère, de l'adoption, de la tolérance, des discriminations... Surtout, on sent bien que l'équipe s'est appliquée à nous servir le nouveau "catéchisme bobo" actuellement en vogue sur notre petit coin de planète (en enfonçant bien le clou au moment de l'épilogue). Au bout du compte, on adhère ou on se dit : "La barbe !"... Les connaisseurs, retrouveront quelques têtes connues dans ce film ; notamment Alexandra Dahlström (Sanning eller konsekvens, Fucking Åmål, Fröken Sverige), la ravissante Helena af Sandeberg (Kim Novak badade aldrig i Genesarets sjö), Kajsa Ernst (Masjävlar).
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