Au
cours de l'année 1925, le jeune Henrik Larsen
décide de quitter Oslo, sa petite vie d'écrivain-poète
et sa compagne Gertrud pour aller "cultiver l'authentique"
au Groenland pendant une année. Mais lorsque
la goélette le dépose à la petite
station de trappeurs où il passera douze mois
de sa vie en compagnie d'un marin psychotique et d'un
scientifique taciturne, il comprend rapidement que l'inconfort
de la vie en milieu arctique sera le moindre de ses
soucis...
Si la perspective de passer quelques mois loin de tout,
dans un paysage minéral enneigé —
au milieu des mouettes, des morses, des lièvres
et des renards polaires, avec pour tout abri un assemblage
de planches ouvert à tous les vents — correspond
à votre notion de l'exotisme, ce film pourrait
vraiment vous plaire. Il y aura juste un prix à
payer : cohabiter quelque temps avec un monstre et subir
un harcèlement moral de premier choix. De fait,
c'est à un "Affreux, sale et méchant
au Groenland" ou à une version norvégienne
de "l'enfer c'est les autres" que vous convie
le réalisateur. Et le résultat est vraiment
emballant. Le comédien suédois Stellan
Skarsgård — tout simplement méconnaissable
dans son rôle de Randbæk — campe avec
force un personnage d'aigri lunatique à la fois
effrayant et pitoyable. En face de lui, Gard B. Eidsvold
— qui roule les yeux à la façon
d'un Tobey Maguire — est tout aussi convaincant
dans sa peau d'intellectuel tombé la tête
la première dans un nid de frelons. Ajoutez à
cela la beauté des paysages, une conclusion sans
concession, et vous avez un spectacle que vous n'oublierez
pas de sitôt. En 1996, ce film a reçu un
"petit" prix au festival du cinéma
nordique de Rouen, mais — que je sache —
il n'a jamais été distribué en
France. C'est assez triste. |