Kino
Digital : Cinéma nordique |
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Ici,
on vous invite à survoler en quelques pages les
notules "critiques" présentes sur certains
tests dvd de la rubrique "Cinéma nordique"
de Kino Digital. Les films — inédits en
France — sont classés par années
de sortie. Dans une même année, le classement
est fait par ordre alphabétique de titres originaux.
Vous trouverez essentiellement des films suédois,
mais aussi quelques titres norvégiens, danois,
islandais et finlandais. Bien sûr, les avis exprimés
ici n'engagent que le ouebmestre du site. |
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Suède
- les années 1960 |
Pojken
i trädet / Le garçon dans l'arbre (Arne
Sucksdorff, 1961) |
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Göte,
environ 16 ans, fait les quatre cents coups avec Max
et Manne, deux voyous un peu plus âgés.
Ils parcourent les routes nuitamment dans des voitures
volées et s'amusent à abattre au fusil
à lunettes des chevreuils dont ils vont ensuite
revendre la viande. Un soir, ils sont repérés
par un garde-chasse. Ils parviennent à s'enfuir
mais s'aperçoivent peu après qu'ils ont
laissé une douille sur le lieu de leur dernier
exploit. Pour qu'on ne puisse pas remonter jusqu'à
eux, Max charge Göte d'aller la retrouver. Le jeune
garçon y passe la nuit, mais ne trouve rien.
Le lendemain, pensant qu'il a été dénoncé
par sa soeur Marie, il décide de ne pas rentrer
chez ses parents, il s'enfuit dans la forêt, récupère
le fusil, les cartouches — cachés dans
un tronc d'arbre creux — et disparaît...
Quand le jeune garçon se met à chasser,
à pêcher, à ramasser des oeufs dans
les hautes herbes et à se réfugier dans
les arbres, on se met à penser au personnage
de Lebrac dans "La Guerre des Boutons" (1962).
Mais là s'arrête la comparaison. Göte,
qui est issu d'un milieu plutôt favorisé,
n'est pas à proprement parler un enfant rebelle,
il n'est pas maltraîté, il est juste mal
dans sa peau, il se cherche... Sur ce sujet mille fois
traité ailleurs, Arne Sucksdorff nous propose
un oeuvre intéressante, joliment mise en image
par Gunnar Fischer (directeur de la photographie de
la plupart des Bergman "première période")
et étonnamment mise en musique par Quincy Jones.
Autour de Tomas Bolme, Heinz Hopz (Max) dégage
une violence convaincante, et Birgitta Pettersson ("Le
Visage", "La Source") promène
son joli minois avec une douceur angélique. Incidemment,
c'était le dernier "vrai" film de sa
courte carrière cinématographique.
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En
nolla för mycket / Un zéro de trop (Börje
Nyberg, 1962) |
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A
Stockholm, en 1961, Pontus Blom est un modeste employé
dans une entreprise de vente de fil de fer et de grillage.
Un beau jour, suite à une erreur d'imprimerie,
la presse annonce à son insu qu'il fait partie
des plus gros contribuables suédois de l'année.
Du jour au lendemain, les gens de son entourage se mettent
à changer d'attitude et il va de surprise en
surprise...
On tient là un de ces nanars dont le cinéma
de papa avait le secret. On comprend qu'il n'ait guère
enthousiasmé les critiques à l'époque
de sa sortie, mais, aujourd'hui, la patine du temps
lui confère une petite plus-value, un petit charme
rétro. Par certains côtés, l'histoire
vécue par Pontus Blom — dans une Suède
où la jeunesse se déhanchait sur des airs
de twist et où l'on entrait dans les glorieuses
sixties à grands coups de pelleteuses —
rappelle celle de Marcel Perrignon dans "La belle
américaine" (Robert Dhéry, 1961).
Il arrive même à Birgitta Andersson d'avoir
des airs de Colette Brosset. Côté humour,
on pratique à la fois le comique de répétition
et les bruitages à la Jacques Tati. Enfin, le
film est aussi un prétexte à mettre en
avant la chanteuse populaire Lill-Babs qui avait représenté
la Suède à l'Eurovision en 1961 (et qui
a interprété en suédois ce que
beaucoup d'artistes yé-yé chantaient en
France à la même époque). Ainsi,
pendant les 105 minutes que dure le film, on entend
trois chansons : "För länge sen",
"Nära" et "Vid Volgas strand".
A l'époque, certains critiques ont trouvé
que la jeune femme manquait singulièrement de
naturel, mais, avec le recul, ces sarcasmes paraissent
bien excessifs. |
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Vita
frun / La dame blanche (Arne Mattsson, 1962) |
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Un
soir, Eva von Schöffer (Gio Petré) se noie
volontairement dans un marais. On comprend peu après
les raisons de ce suicide : désespérée
par les dispositions testamentaires de son beau-père
récemment décédé, elle n'a
pas supporté l'idée de devoir tout abandonner
à sa marâtre Helen (Anita Björk) et
à sa fille Agneta (Elisabeth Odén)...
Mais voilà que l'on se met bientôt à
trembler dans la petite ville : on entend des plaintes
déchirantes dans la nuit, on croit apercevoir
une dame blanche, il se produit au château une
succession d'événements étranges...
Au bout de 49 minutes, le capitaine John Hillman arrive
avec armes et bagages et, secondé par son compère
Freddy Sjöström, il entame une nouvelle enquête...
Comme il est d'usage dans la série des Hillman,
ce drame mâtiné de fantastique alterne
les moments de tension ou de mystère avec des
séquences plus légères à
l'humour "bon enfant" (ces dernières
étant confiées à Nils Hallberg).
Du reste, à une ou deux exceptions près,
le film n'est jamais vraiment angoissant (mais le temps
a fait son ouvrage). Enfin, il est clair qu'une fois
le mystère éventé, on est bien
embêté : on se dit qu'il faudra laisser
passer un moment avant de penser à un revisionnage...
Cela étant dit, les connaisseurs, auront plaisir
à retrouver Anita Björk (dix ans après
'L'attente de femmes" ; elle est ici coiffée
à la diable et pas vraiment à son avantage),
Sif Ruud (qui tourna neuf fois pour Bergman), et les
sympathiques Margit Carlqvist (Vers la joie, Sourire
d'une nuit d'été), Elisabeth Odén
(qui aura un petit rôle dans "La voiture
jaune") et Elisabet Falk.
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Den
gula bilen / La voiture jaune (Arne Mattsson, 1963) |
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Un
attentat dans une principauté imaginaire, un
film qu'il faut faire sortir du pays, un meurtre dans
un autocar suédois... et voilà le capitaine
John Hillman qui se lance dans l'aventure en compagnie
du fidèle Freddy Sjöström et de l'intrépide
Kerstin Björk (sorte de Tintin au féminin
; au début du film à tout le moins)...
Tourné en 1963, à une époque où
l'on roulait encore à gauche sur les routes suédoises,
ce film fait penser à un épisode noir
& blanc de "Chapeau Melon & Bottes de cuir"
qui durerait 1h30 (on y gagne en longueur, mais on y
perd en rythme). C'est un thriller bon enfant, saupoudré
d'un peu d'humour, où les héros foncent
bille en tête et affrontent les méchants
avec une crâne assurance. En voyant le dénouement
rocambolesque, on comprend même où le réalisateur
Jan De Bont est allé pêcher son idée
de scénario pour le film "Speed" ! |
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Käre
John / Cher John (Lars-Magnus Lindgren, 1964) |
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Sur
la côte sud-ouest de la Suède, au début
des années 60, le patron marin John Berndtsson
croise la route d'Anita, une mère célibataire.
Ils se regardent, se flairent et finissent par tomber
dans les bras l'un de l'autre. Pour le meilleur ? Pour
le pire ? C'est ce que le réalisateur nous invite
à découvrir...
Ce film intimiste a surtout de l'intérêt
si on le replace dans le contexte de sa sortie (dans
"Käre John", on entend du twist à
la radio, on parle des Hootenannies, des Beatles). Sur
le fond — d'abord — on y aborde assez librement
les thèmes des rapports amoureux et de la famille
recomposée ; choses qu'on traitait encore avec
une certaine retenue dans les films du continent ("continent"
par opposition à la "péninsule"
sur laquelle se trouve la Suède). Sur la forme
— ensuite — on a là une oeuvre qui
se démarque assez de ce qui se faisait sur le
plan narratif dans le cinéma populaire d'alors.
Ici, la chronologie n'est pas linéaire : on va,
on vient dans le temps... on pratique la mise en abyme.
Il y a aussi un côté "Nouvelle vague"
dans la façon de gérer les éclairages.
S'il fait nuit, si on n'y voit pas grand chose, eh bien,
on tourne quand même. Enfin, côté
interprétation, les comédiens servent
avec naturel des dialogues dépourvus de théâtralité
; on est vraiment dans l'intimité de monsieur
et madame "tout le monde"... |
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Älskande
par / Les amoureux (Mai Zetterling, 1964) |
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Dans
un hôpital de Stockholm, en 1914, Agda (Harriet
Andersson), Adèle (Gunnel Lindblom) et Angela
(Gio Petré) sont sur le point d'accoucher. En
attendant leur délivrance, elles se remémorent
des moments de leur enfance et de leur vie amoureuse...
Avec ce premier long métrage (qui est une adaptation
des "Demoiselles von Pahlen" d'Agnes von Krusenstjerna),
Mai Zetterling nous livre une réflexion sur le
rapport des femmes à l'amour, à la sexualité,
au mariage. En résumé, Cupidon en prend
sacrément pour son grade : à quoi bon
aimer ? la vie est trop longue pour être tout
le temps malheureux ; le mariage est comme la guerre,
il apprend aux gens à se haïr ; il n'y a
pas d'amour, seulement des lits, de la saleté
et de la pourriture... Quatre ans avant son film "Les
filles", la réalisatrice montre également
du doigt la condescendance des hommes, leur muflerie,
leur brutalité et leur hypocrisie. Elle se permet
aussi quelques audaces qui — en 1964 — ont
dû en décoiffer plus d'un. Sur un plan
formel, une bonne partie du film pourra faire songer
à "Sourires d'une nuit d'été"
(1955) — d'autant qu'on retrouve ici la plupart
des comédiens ayant participé au film
de Bergman — mais en plus "brouillon"
et un poil plus long. Enfin, quelle distribution : aux
côtés d'Harriet Andersson, Gunnel Lindblom
et Gio Petré, on retrouve également Anita
Björk, Gunnar Björnstrand, Eva Dahlbeck, Margit
Carlqvist, Åke Grönberg, Bengt Brunskog et...
Sven Nykvist à la photo ! Autrement dit, tout
le gratin du cinéma suédois de l'époque
! |
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Att
angöra en brygga / De l'art de faire escale
(Tage Danielsson, 1965) |
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Sur
un îlot isolé au large de Stockholm, Berit,
Lennart et Inez attendent l'arrivée du petit
voilier sur lequel se trouvent Kalle (époux de
Berit), Mona (épouse de Lennart), l'ami Walter
et le directeur Olsson... Tout ce petit monde s'apprête
à passer une bonne soirée de fin d'été
à la suédoise, autrement dit : manger
des écrevisses tout en buvant allègrement.
Seulement voilà : Kalle est un piètre
navigateur et l'accostage prend vite des allures de
"mission impossible" !
L'humour, c'est comme le camembert : cela ne supporte
pas forcément les voyages. Pour faire court,
ce film aux prétentions "burlesques"
est assez épouvantable (au travers des yeux d'un
spectateur français de 2008 à tout le
moins). Tout y est "hénaurme" et le
personnage qui déclare — à la fin
du film — "Det är otroligt... det var
det värsta !" ("C'est incroyable ! hallucinant
!") ne croit pas si bien dire... Dans les 11 premières
minutes, l'accumulation de pitreries est telle qu'on
a du mal à croire qu'il puisse encore rester
1h25 de film. On regarde tout cela en écarquillant
les yeux, les cheveux dressés sur la tête,
en se pinçant pour le croire. L'idée même
que ce spectacle — les multiples tentatives d'accostage
ratées, la dégustation écoeurante
des écrevisses, les engueulades, les scènes
d'hystérie, les mésaventures du directeur
Olsson et les délires d'un vieil insulaire bougon*
— ait pu déclencher des rires dans les
salles de cinéma suédoises de l'époque
dépasse tout simplement l'entendement.
*
on se demande si Jim Henson ne s'en est pas inspiré
pour créer le personnage du cuisinier suédois
dans le Muppet Show. |
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Syskonbädd
1782 / Ma soeur, mon amour (Vilgot Sjöman,
1966) |
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"Syskonbädd
1782" (littéralement "1782 : lit commun")
ou l'histoire d'un quintette amoureux. On y voit Carl
Ulrik qui aime Charlotte qui aime passionnément
Jakob qui est aimé par Ebba qui est troussée
par son oncle. Les amours légitimes s'y noient
dans un tourbillon d'amours incestueuses et ancillaires,
le tout dans une ambiance de jalousie, de culpabilité
et de questionnement sur un possible châtiment
divin...
Pour peu qu'on soit amateur de cinéma suédois,
c'est un film emballant, assez rude (la fin fait grosse
impression si l'on se replace en 1966 ; en Espagne,
le film est carrément déconseillé
au moins de 18 ans), joliment mis en image par le directeur
de la photographie Lasse Björne (digne d'un Gunnar
Fischer ou d'un Sven Nykvist). Enfin, d'un point de
vue documentaire, le tableau naturaliste de la Suède
de la fin du XVIIIe siècle est plein de petites
touches assez dépaysantes.
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Hugo
och Josefin / Hugo et Joséphine (Kjell Grede,
1967) |
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Quelque
part en Suède, au milieu des années 1960,
la petite Josefin s'ennuie. Elle est fille de pasteur,
vit dans un manoir trop grand pour elle, trop éloigné
de toute habitation, et elle n'a pas d'ami. La solitude
lui pèse. Et puis, un jour, elle fait la connaissance
d'Hugo, un garçon bohème qui devient vite
son rayon de soleil dans l'existence...
Avec ce premier film, Kjell Grede s'est fait plaisir
à jouer à la poupée. De fait, on
y voit la petite Maria Öhman galoper (pieds nus,
en petite robe arrivant souvent au ras des fesses) de
gauche à droite, de droite à gauche, de
loin, de près... le tout au son d'une flûte,
d'un hautbois et d'un basson. C'est craquant, c'est
mignon tout plein, mais... on mentirait si l'on disait
que cela suffit à maintenir longtemps l'attention
du spectateur. Les enjeux dramatiques sont assez limités
et, bien vite, on se retrouve dans la peau d'un spectateur
qui regarderait "poliment" le film de vacances
d'un voisin ou d'un ami en jetant parfois un coup d'oeil
discret à sa montre. Enfin, il n'est même
pas sûr que les enfants eux-mêmes —
ceux d'aujourd'hui à tout le moins — puissent
y trouver leur compte. Bah ! tout cela vaut quand même
un petit coup d'oeil attendri. |
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Jag
är nyfiken : gul / Je suis curieuse : jaune
(Vilgot Sjöman, 1967) |
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Ce
film est assez difficile à résumer dans
la mesure où il n'a pas la forme d'un récit
linéaire et dans la mesure où on y pratique
aussi la mise en abyme... En gros, on y voit Lena, apprentie
comédienne suédoise aux moeurs libérés,
se livrer — sous l'oeil de la caméra du
réalisateur Vilgot Sjöman (jouant donc son
propre rôle) — à diverses enquêtes
d'opinion, à diverses manifestations d'orientation
gauchiste tout en cherchant les voies de son épanouissement
personnel...
Le drôle de film que voilà ! A la fois
film, documentaire, film dans le film... on finit par
y perdre son latin. Par certains aspects formels (interpellation
du spectateur, insertion de messages en cours de "récit"),
il fait penser à Godard (à "Masculin
Féminin" par ex.), à une "BD
filmée" dont les phylactères apparaîtraient
parfois à l'écran... Sur près d'1h56,
Lena a le temps d'évoquer la société
de classes en Suède, l'égalité
homme-femme, l'utilité du service militaire,
la politique de résistance non violente du peuple
suédois en cas d'invasion, la dictature de Franco,
le sexe, le yoga, l'exode rural, le sexe, les maladies
sexuellement transmissibles, les gâteaux à
la crème, le sexe, les rapports père-fille,
la bombe atomique... On suit une interview d'Olof Palme
(alors tout jeune). On entend Martin Luther King parler
de non violence. On frôle même le film interactif
quand le réalisateur nous propose un jeu avec
gains à la clef : qu'y a-t-il dans le gros sac
noir de Lena ? Parallèlement, ou plutôt
épisodiquement, la caméra suit la jeune
femme — qui a un joli minois mais pas précisément
la "taille mannequin" (elle le dit elle-même)
— dans toutes sortes de galipettes qui en ont
fait rougir plus d'un à l'époque où
le film est sorti. Et l'on ne dira rien de la scène
onirique qui la montre en train de se livrer à
une émasculation ! Enfin, le voyage dans la Suède
de la seconde moitié des années 60 est
— d'un point de vue sociologico-touristique —
plutôt intéressant. A vous de voir donc. |
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Kullamannen
/ L'homme de la colline (Leif Krantz, 1967) |
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Dans
la seconde moitié des années 1960, dans
le sud de la Suède, Kaj et son petit frère
Tommy vont passer quelques jours de vacances chez leurs
cousins Peter et Marianne. Pendant que les parents font
un voyage en Italie, les quatre enfants se retrouvent
bientôt confrontés à des événements
et des personnages mystérieux...
Avec cette série, on tient une sorte de "Club
des 4 et le mystère de la bague", ou, plus
exactement, de "Club des 3 et demi" (comme
le dit le plus jeune des enfants). Pour tout dire, les
plus de 11 ans peuvent passer leur chemin et il n'est
même pas sûr que les enfants d'aujourd'hui
seraient captivés par les aventures en noir &
blanc de notre quartette des années 1960. Cela
se regarde, bien sûr, et le réalisateur
parvient à nous tenir en haleine jusqu'au dernier
épisode, mais, cela reste très enfantin
et parfois surjoué. C'est une "madeleine
de Proust" télévisuelle pour quarantenaires
suédois, et une curiosité pour les autres
(incidemment, les connaisseurs seront amusés
de voir Helsingborg en 1967-68 dans les épisodes
1 et 7). |
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Mördaren
: en helt vanlig person / L'assassin : une personne
comme les autres (Arne Mattsson, 1967) |
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En
Suède, dans un train de nuit, une jeune femme
est précipitée par la portière.
Le signal d'alarme est tiré, le train s'immobilise
et l'enquête commence. Qui est l'assassin : Mats,
qui s'est enfui d'un hôpital psychiatrique ? Gregor,
le jeune toxicomane à l'allure équivoque
? Ce col blanc amateur de pratiques sado-masochistes
en compartiment-couchettes ? Le contrôleur ? Mystère...
Ici, Arne Mattsson donne en plein dans le cinéma
"populo", avec un zeste d'érotisme
crapuleux (deux trois séances olé-olé,
avec tripotages divers, poitrine en liberté et
apparition de triangle pubien). Cela commence par la
présentation d'un petit nombre de passagers (petit
concentré de société), puis l'on
se retrouve plongé dans une sorte de "Crime
de l'Orient Express", mais, avouons-le, en moins
captivant. Seule la fin — qu'on croit un moment
complètement bâclée — parvient
à réserver une petite surprise. |
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Flickorna
/ Les filles (Mai Zetterling, 1968) |
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Dans
une troupe de théâtre qui joue "Lysistrata",
d'Aristophane, Liz, Marianne et Gunilla se livrent à
une réflexion sur leur condition de femmes...
Que les choses soient claires : vous ne trouverez pas
ici une histoire "classique" avec récit
linéaire, mais plutôt un film militant
féministe de 1968, alternant des scènes
se déroulant dans la réalité et
d'autres relevant de l'imaginaire, de la vie fantasmée
(ces dernières se caractérisant par un
noir & blanc très contrasté, aux blancs
brûlés — peut-être parce que
le film ne doit pas seulement être "une chose
agréable à regarder"). Le message
est assez simple et les personnages annoncent la couleur
dès les cinq premières minutes : il est
difficile pour les femmes de s'affranchir de la tyrannie
des maris, des enfants, de la société
de consommation ; il leur suffirait de s'unir pour changer
le monde... Après quoi, on a droit à plusieurs
tableaux dénonçant l'hypocrisie bourgeoise,
la condescendance des hommes, leur muflerie, leur propension
à tuer, trahir, tricher, exploiter, détruire,
à profiter de — on cite — l'ignorance
des femmes, de leur paresse, de leur nature craintive,
de leur conservatisme... Sur le fond et sur la forme,
le spectacle est assez caricatural et profondément
daté (il peut même prêter à
sourire par son côté "théâtre
militant entre copines" un peu à l'image
du happening en usine qu'on voit dans "Mes meilleurs
copains" de Jean-Marie Poiré — "Révolutioooon
!..."). Il vaut surtout par sa nature de document
"sociologico-historique" et nous permet de
retrouver avec plaisir une partie des comédiens
de la bande à Bergman : Bibi Andersson, Harriet
Andersson, Gunnel Lindblom, Gunnar Björnstrand,
Erland Josephson. |
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Jag
är nyfiken : blå / Je suis curieuse :
bleu (Vilgot Sjöman, 1968) |
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Ce
film est tout aussi difficile à résumer
que l'opus précédent (Jag är nyfiken
: gul). Il n'y a pas plus de récit linéaire
et on y pratique plus que jamais la mise en abyme...
En gros, donc, on y retrouve Lena, apprentie comédienne
suédoise de 22 ans, et on la voit se livrer —
sous l'oeil de la caméra du réalisateur
Vilgot Sjöman (jouant son propre rôle) —
à diverses enquêtes d'opinion, à
diverses manifestations d'orientation gauchiste tout
en cherchant les voies de son épanouissement
personnel...
Au premier abord, on pourrait penser qu'on tient-là
une sorte de "making-of" de "Jag är
nyfiken : gul" (car on voit des bouts d'essai des
comédiens, on voit l'équipe regarder son
propre film...), mais c'est plus compliqué que
ça : il s'agit à la fois d'une suite et
d'une vision alternative du premier film (on se replonge
dans la génèse de certaines scènes
du premier film). Lena poursuit ses investigations,
dans un joyeux désordre, en se laissant parfois
aller à quelques redites. L'éducation
sexuelle, l'orgasme au féminin, le saphisme,
la méritocratie, la société de
classe, le conformisme religieux, la séparation
de l'Eglise et de l'Etat, la résistance non-violente
en cas d'invasion, les impôts, la morale chrétienne,
la contraception, la prison, les rapports filles/garçons,
les rapports filles/mères, l'impérialisme
américain, la gynécologie, les MST...
On a droit également à une séquence
"courrier des spectateurs" (où la pauvre
jeune femme paie chèrement sa liberté
de moeurs) et à deux trois séquences chantées.
Si l'ensemble est toujours aussi singulier, on ajoutera
que l'ambiance générale est plus sereine,
sans scènes d'hystérie comme dans le film
précédent. |
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Bokhandlaren
som slutade bada / Le libraire qui cessa de se baigner
(Jarl Kulle, 1969) |
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Au
début du siècle dernier, dans un petit
bourg suédois, cinq compagnons aiment à
se réunir tous les dimanches pour se baigner
dans la rivière et pour discuter. L'un d'eux,
le paisible Jacob, mène une petite vie rangée
de libraire que rien ne semble devoir troubler. Mais
voilà qu'un jour, la soeur de son voisin s'en
revient après un long séjour à
l'étranger. Une idylle ne tarde pas à
voir le jour, puis un mariage, puis...
Oh la vilaine histoire que voilà ! Cela commence
comme "Un dimanche à la campagne" et,
brusquement, le vin se fait vinaigre et l'on se retrouve
devant une sorte d' "Affreux, sales et méchants"
à la suédoise, ou, plus exactement : "Affreuse,
sale et méchante" (mais en écrivant
cela, on en dévoile déjà trop).
Cela dit, ne vous attendez pas à monts et merveilles.
Réalisé sans éclat particulier
par le comédien Jarl Kulle (qu'on a souvent vu
chez Bergman), le spectacle n'est pas ce qu'on peut
appeler une "grande" et "belle"
oeuvre. Cela respire le "téléfilm
avant l'heure" et cela manque de ce on-ne-sait-quoi
qui aurait pu en faire une comédie grinçante
jubilatoire. On regarde le tout poliment, en jetant
de temps en temps un coup d'oeil à sa montre,
et l'on attend de voir jusqu'où ira cette descente
aux enfers du malheureux couple... |
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Kråkguldet
/ Le trésor des corneilles (Leif Krantz,
1969) |
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A
la fin des années 1960, dans le centre de la
Suède, le jeune Staffan trouve une pépite
d'or dans la neige non loin d'une mine désaffectée.
Pensant qu'elle appartient à un trésor
légendaire dont lui a parlé son grand-père
— le trésor d'Erik le Vif — il se
hâte de la cacher pour ne pas exciter les convoitises
; peine perdue : la précieuse trouvaille est
volée au bout de quelques heures. Une enquête
haletante commence alors pour la retrouver et démasquer
le ou les voleurs...
Après Kullamannen (1967), Leif Krantz a remis
le couvercle avec cette nouvelle série pour enfants,
mais en couleur cette fois. Si le public visé
reste assez jeune (vers 8 / 10 ans), c'est plutôt
pas mal cette fois. Il y a un bon petit suspense et,
pour peu qu'on n'ait pas complètement perdu son
âme d'enfant, on se laisse facilement prendre
par la main pendant les 2h49 que dure le spectacle.
La forme narrative est identique à celle de "Kullamannen"
et chaque fin d'épisode nous maintient judicieusement
en haleine (notamment à la fin du défilé
de la Sainte-Lucie), un peu comme le faisait Hergé
à la fin de chacune des planches de ses albums
de Tintin. Que va-t-il arriver ensuite ? T-t-tsaaan
! Seule la musique déçoit vraiment. Le
côté "Maxime le Forestier sous Tranxène",
c'est plutôt bof... Ceux qui ont vu "Kullamannen"
retrouveront ici Staffan Hallerstam et Maria Lindberg,
un poil plus vieux. Enfin, on signalera aux connaisseurs
que Gunnar Fischer était à la photographie
! |
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