En
1890, dans les rues de Kristiana (Oslo), un jeune homme
traîne sa misère, le ventre de plus en
plus vide, seulement nourri par l'espoir d'arriver à
gagner quelques couronnes en vendant sa prose à
un éditeur...
Ce film est une adaptation d'un roman de Knut Hamsun.
La détresse orgueilleuse du héros affamé
est particulièrement bien rendue : et par le
jeu "halluciné" de Per Oscarsson, et
par la mise en scène d'Henning Carlsen (avec
Henning Kristiansen à la photographie et Krzysztof
Komeda pour la musique "glaçante").
Au fur et à mesure que le film avance, le malaise
gagne, on a le sentiment d'avoir les cheveux de plus
en plus gras, les dents de plus en plus sales, la chemise
qui gratte de plus en plus... Pour un peu, on en aurait
presque des gargouillis dans le ventre (heureusement
pour nous : le frigo veille, non loin). Le suspens fonctionne
bien : happy end ou pas ? On guette les moindres progrès,
les moindres lueurs d'espoir... Seules les scènes
avec Gunnel Lindblom pourront laisser un sentiment de
doute. Comment croire à cette rencontre entre
la jeune bourgeoise et le marginal ? Comment croire
un instant qu'elle ne soit pas rebutée par les
odeurs corporelles du garçon ? |