Kino
Digital : Cinéma nordique |
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Ici,
on vous invite à survoler en quelques pages
les notules "critiques" présentes
sur certains tests dvd de la rubrique "Cinéma
nordique" de Kino Digital. Les films —
inédits en France — sont classés
par années de sortie. Dans une même année,
le classement est fait par ordre alphabétique
de titres originaux. Vous trouverez essentiellement
des films suédois, mais aussi quelques titres
norvégiens, danois, islandais et finlandais.
Bien sûr, les avis exprimés ici n'engagent
que le ouebmestre du site. |
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Norvège
- les années 1950 |
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To
mistenkelige personer / Deux suspects (Tancred Ibsen,
1950) |
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Quelque
part dans une forêt de l'Østland, deux
enfants ramassant des baies tombent sur un campement
abandonné et y découvrent les corps sans
vie de deux officiers de police. Pendant qu'ils filent
donner l'alerte, la caméra nous transporte un
peu plus loin et nous montre deux hommes en train de
courir au milieu des arbres et des fourrés. L'un
deux ayant un pistolet à la main, il n'en faut
pas plus au spectateur pour comprendre à qui
il a affaire...
Dans ce film, Tancred Ibsen nous invite à suivre
la fuite de deux criminels : Karl Johan Ekström,
un Suédois d'une trentaine d'années, et
Gustav, un Norvégien de 17 ans. Pendant 85 minutes
environ, on les voit avaler des kilomètres de
forêts, de landes, grimper et redescendre des
collines, longer des lacs, avec, à leurs trousses,
la police, la garde nationale et tous les paysans des
environs. Problème : ce film, qui pourrait être
une "chasse à l'homme" haletante, se
réduit à un spectacle d'une neutralité
quelque peu "embarrassante". De fait, on n'a
ici ni policier charismatique, ni bandits sympathiques
victimes de la fatalité ou d'une machination,
et, à moins de prendre fait et cause pour des
meurtriers, on ne peut qu'assister à la course-poursuite
en restant sur le bord du chemin. Tout bien considéré,
seules les 23 dernière minutes — pendant
lesquelles la rage qui anime le personnage d'Ekström
est vraiment bien rendue — se distinguent du lot
et finissent par forcer le respect... Détail
intéressant : ce film est l'adaptation d'un roman
du début des années 1930 qui s'inspirait
d'une affaire criminelle réelle ayant eu lieu
en 1926. A sa sortie, un des deux fuyards fit un procès
à la compagnie Norsk Film, demanda son interdiction
et obtint gain de cause. En 1952, un jugement interdit
purement et simplement sa diffusion et il ne fut remontré
au public — à la cinémathèque
de Bergen — qu'en 1998 ! |
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Skadeskutt
/ La blessure (Edith Carlmar, 1951) |
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Dans
la première moitié des années 1950,
le directeur d'un asile psychiatrique nous raconte comment
Einar Wang, un ancien patient, avait été
admis dans son service après avoir tenté
de se jeter sous les roues d'un train. Marié
depuis quatre ans à la jolie Else, il n'était
pas parvenu à avoir d'enfant et cela avait fini
par le plonger dans un grave état dépressif.
Après moult piqûres et quelques séances
d'électrochocs, l'homme avait peu à peu
refait surface. Mais ce n'est que lorsque sa femme avait
subitement trouvé le moyen de tomber enceinte
qu'il avait pu regagner le monde des "vivants".
Seulement voilà : à cette époque,
les troubles du psychisme mettaient bien des gens mal
à l'aise, beaucoup pensaient "fou un jour,
fou toujours"...
Ce deuxième film d'Edith Carlmar est une sorte
de docu-fiction sur la psychiatrie en Norvège
au début des années 1950. Il commence
de façon pataude, on y voit des gens en blouse
blanche jouer maladroitement des scènes de la
vie quotidienne en milieu hospitalier : l'admission
des patients, les repas, les visites du médecin-chef,
les nuits, les promenades, les séances d'électrochocs
(dont on pensait qu'ils agissaient sur les troubles
mentaux à la façon de la pénicilline
sur la pneumonie). On y entend aussi de tristes constats
: les patients des hôpitaux psychiatriques font
peur, ils sont les lépreux du monde contemporain.
Ils sont la honte des familles, on les cache, on les
oublie (sauf lorsqu'il y a un héritage à
récupérer). Par ailleurs, les moyens pour
les soigner sont très insuffisants. Pendant un
bon moment, les tableaux s'enchaînent sans être
jamais développés, et l'on s'ennuie un
peu. Le cinéma ne reprend vraiment ses droits
que lorsque Else décide dans l'urgence de tomber
enceinte (là, les choses se corsent un peu et
l'on se met à penser à ces contes de Maupassant
où l'héroïne doit avoir un enfant
à tout prix) et quand Einar finit par regagner
son domicile et son travail ; y aura-t-il rechute ou
pas ? A ce moment, les paupières du spectateur
se relèvent, mais il est un peu tard... le film
se termine. |
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Nødlanding
/ Atterrissage forcé (Arne Skouen, 1952) |
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Ung
frue forsvunnet / Une jeune femme a disparu (Edith
Carlmar, 1953) |
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1953,
à Oslo, un homme repêche un chapeau de
femme dans l'eau irisée d'un canal. Un peu plus
tard, dans un autre quartier de la ville, Arne Berger
— un jeune professeur d'archéologie —
rentre chez lui après un voyage de quelques jours
et constate avec surprise que son épouse —
Eva — est absente. Quand la bonne lui annonce
que la jeune femme a quitté leur domicile depuis
un moment, il décroche le téléphone,
appelle les amis, puis le service des urgences, puis
la police, mais n'obtient aucun renseignement susceptible
de le rassurer. Où diable est passée Eva
?
A ceux qui souhaiteraient découvrir le film,
on conseillera de ne pas lire ce qui suit, car le mystère
de la disparition de la jeune femme n'est dévoilé
qu'au bout de 45 minutes environ... Aux autres lecteurs,
on dira qu'avec ce troisième film Edith Carlmar
nous sert une nouvelle histoire édifiante ayant
pour thème — cette fois — les malheurs
de la toxicomanie. On y voit, étape par étape,
la lente descente aux enfers d'une pauvre jeune femme
bourrée de complexes, mal aimée : cela
commence par la prise de cachets de Benzafinyl (mélangés
à de l'alcool), puis, de proche en proche, on
passe à la morphine. On assiste à la course
aux ordonnances (Eva passe d'un docteur à l'autre),
à un vol dans une pharmacie, à une arrestation,
à une cure de désintoxication. A ce moment-là,
on nous fait croire au happy end, mais la rechute ne
tarde pas. Eva se met à boire du sirop à
la codéine, elle se met aussi à prendre
le sirop à l'opium de son mari, puis s'en va
chercher des substances plus fortes auprès d'un
ancien compagnon d'infortune... Comme dans "Skadeskutt"
(1951), où il était question des troubles
mentaux, le film adopte d'abord un ton quasi documentaire
et manque quelque peu de naturel. Après quoi,
de flash-back en flash-back, on se met à suivre
l'enquête avec intérêt : on se demande
d'abord ce qui est arrivé à la jeune femme,
puis on attend de voir si elle s'en sortira ou pas.
Vu avec des yeux de 2008, il serait facile d'ironiser
sur la simplicité d'image d'Épinal et
sur les raccourcis de l'exposé, mais, si l'on
se replace dans le contexte, nul doute que le film fit
grosse impression à l'époque de sa sortie.
C'est à voir avant tout comme un document, un
témoignage d'époque. |
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Aldri
annet enn bråk / Les voisins terribles (Edith
Carlmar, 1954) |
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Bedre
enn sitt rykte / Beaucoup de bruit pour rien (Edith
Carlmar, 1955) |
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A
Oslo, au début des années 1950, le jeune
Dag — lycéen de son état —
n'a d'yeux que pour Mlle Strøm, sa jeune et jolie
professeur de Français. Bien sûr, cela
finit par se voir et par agacer bien du monde, à
commencer par Karin qui, elle, a les yeux de Chimène
pour le garçon. Bientôt, l'année
scolaire touche à sa fin, les examens de fin
d'études ont lieu ; les passions de chacun seront-elles
assouvies ?
Ici, Edith Carlmar nous sert un portrait de la vie estudiantine
à Oslo dix ans après la seconde guerre
mondiale. On y voit toutes sortes de choses assez insolites
— pour un Français de 2008 à tout
le moins — dont, notamment, la fête des
"russ" (rite de passage célébré
par les étudiants à la fin de leurs 13
années d'école). On y aborde aussi de
façon légère le thème du
conflit de générations... En 1955, peu
avant que le film ne sorte sur les écrans, les
élèves de "Terminale" de la
capitale norvégienne avaient manifesté,
pensant qu'on ne les montrerait pas à leur avantage,
mais, après la première, les esprits s'étaient
calmés et le plus grand nombre avait convenu
qu'on avait fait "beaucoup de bruit pour rien"...
Par certains côtés formels (la bande de
copains, la voiture improbable, le côté
artiste), le film fait parfois penser à "Rendez-vous
de juillet" de Jacques Becker (1949). Il se regarde
sans ennui. |
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Kontakt
! / Contact ! (Nils R. Müller, 1956) |
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Ce
film nous montre de façon presque documentaire
comment — pendant l'occupation allemande —
un groupe de résistants norvégiens conduit
par Oluf Reed Olsen (1918-2002) communiqua des renseignements
aux services secrets alliés au moyen d'une station
de radio clandestine installée à Kristiansand
puis à Oslo...
On a là un film de héros comme on en a
tourné des tas dans les années 1950-60.
On a des scènes d'espionnage, d'arrestation,
d'interrogatoire musclé, d'évasion, d'entraînement
au Canada, de parachutage, d'actions au nez et à
la barbe des occupants... Ils étaient beaux,
ils sentaient bon le sable le chaud. Leurs ennemis étaient
brutaux, pas futés pour deux sous, et tombaient
comme des mouches au moindre coup de feu... bref : vous
connaissez la chanson. Si le combat fut noble, la geste
cinématographique "à papa",
elle, est devenue un peu rasoir avec le temps. Sans
compter qu'ici, le jeu des comédiens n'est pas
toujours très convaincant (mais soyons justes
: certains — à commencer par Oluf Reed
Olsen lui-même — n'étaient pas des
professionnels). On aimait ça quand on avait
dix ans. Aujourd'hui, euh... |
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På
solsiden / Sous le soleil (Edith Carlmar, 1956) |
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De
dødes tjern / Le lac des trépassés
(Kåre Bergstrøm, 1958) |
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Høysommer
/ Plein été (Arild Brinchmann, 1958) |
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Quelque
part sur une île de Norvège, Rasmus —
un peintre retiré du monde — s'occupe de
la maintenance d'un phare pendant le congé maladie
du gardien. Un beau jour, une barque à la dérive
apparaît dans les eaux qui bordent sa retraite.
Il plonge, la tire à terre et y découvre
le corps inanimé d'une jeune femme...
Difficile de ne pas ricaner lorsqu'on découvre
que la naufragée est une très jolie jeune
femme tirée à quatre épingles (modèle
"hôtesse de l'air passée au Fabulon").
Difficile de ne pas penser : "Quels veinards, ces
gardiens de phare, il leur suffit de se pencher pour
ramasser des sirènes !" Et puis, passé
ce petit moment de persiflage, on finit par entrer dans
le film. Car, tout bien considéré, cette
histoire d'amants cachés parvient quand même
à nous tenir en haleine et l'on attend avec curiosité
de voir jusqu'où la belle Urda Arneberg entraînera
son sauveur. Si l'on prend ce film comme une fable,
on finit par tout accepter, même cet été
norvégien si miraculeusement ensoleillé. |
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Lån
meg din kone / Prête-moi ta femme (Edith Carlmar,
1958) |
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Bjørn
Lund — jeune employé célibataire
d'une entreprise de produits pour nouveaux-nés
— fait croire à son patron qu'il est marié
afin d'obtenir une promotion. Le mensonge passe comme
une lettre à la poste, mais lorsque le jeune
couple est invité à une soirée,
les ennuis se profilent à l'horizon. Par chance,
la femme de son ami Tor Reinert — Anita —
propose de tenir le rôle pour lui. Ce qu'ils ignorent,
c'est que cette histoire va les entraîner beaucoup
plus loin que prévu...
Que dire ? Pour peu qu'on soit client du cinéma
"familial" de cette époque (en France,
un Jean Boyer aurait pu signer le film), on passera
un bon moment. La mécanique du vaudeville est
bien huilée et le spectacle vaut mieux que son
titre de gros "nanar". Certains passages sont
assez drôles (mention spéciale au séjour
dans la maison de campagne du directeur Rustad) ; seule
la fin — avec son concours de pitreries entre
Tore Foss et Erik Lassen — pourra faire tiquer.
Côté comédiens, on retrouve ici
Atle Merton (qui donnera la réplique à
une toute jeune Liv Ullmann dans "Ung Flukt"),
Vigdis Røising (Karin dans "Beddre enn sitt
rykte") et une Sonja Wigert à la souplesse
étonnante (en 1955, dans "Danssalongen"
du suédois Börje Larsson, elle faisait pourtant
bien "mémère" !). |
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Ung
Flukt / L'indocile - L'échappée belle
(Edith Carlmar, 1959) |
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A
Oslo, à la fin des années 1950, Anders
— jeune homme de bonne famille — aime Gerd.
Hélas, la jeune fille — qui n'est pas à
proprement parler une "oie blanche" —
ne plait pas beaucoup à ses parents. Qu'à
cela ne tienne : un jour, il emprunte la volkswagen
paternelle et emmène sa dulcinée dans
un coin de forêt à l'écart de tout.
Là, pendant plusieurs jours, ils vivent d'amour
et d'eau fraîche, comme hors du temps, mais la
réalité ne tarde pas à les rattraper...
Ce film fait immanquablement penser à "Elle
n'a dansé qu'un seul été"
(Arne Mattsson, 1951) et "Monika" (Ingmar
Bergman, 1953). Au premier, il emprunte l'histoire du
conflit de générations et du jeune homme
riche amoureux de la petite fille pauvre. Au second,
il emprunte le thème de la fugue et le personnage
de la jeune femme sensuelle et fantasque. Il ne parvient
pourtant pas à impressionner le spectateur aussi
fort que ses deux prédécesseurs suédois.
Certes, la prestation de Liv Ullmann — alors âgée
de 20 ans — est parfois bien sulfureuse (mention
spéciale aux scènes du swing — vraiment
digne d'un sabbat —, de la mise à mort
du mouton, et de la parade du tétras), et, à
l'époque, le film a fait scandale ; il n'empêche,
aujourd'hui, l'ensemble est quand même un brin
"gentillet". |
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