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Kino Digital : Cinéma nordique
1970
Ici, on vous invite à survoler en quelques pages les notules "critiques" présentes sur certains tests dvd de la rubrique "Cinéma nordique" de Kino Digital. Les films — inédits en France — sont classés par années de sortie. Dans une même année, le classement est fait par ordre alphabétique de titres originaux. Vous trouverez essentiellement des films suédois, mais aussi quelques titres norvégiens, danois, islandais et finlandais. Bien sûr, les avis exprimés ici n'engagent que le ouebmestre du site.
 
Norvège - les années 1950
To mistenkelige personer / Deux suspects (Tancred Ibsen, 1950)
Quelque part dans une forêt de l'Østland, deux enfants ramassant des baies tombent sur un campement abandonné et y découvrent les corps sans vie de deux officiers de police. Pendant qu'ils filent donner l'alerte, la caméra nous transporte un peu plus loin et nous montre deux hommes en train de courir au milieu des arbres et des fourrés. L'un deux ayant un pistolet à la main, il n'en faut pas plus au spectateur pour comprendre à qui il a affaire...

Dans ce film, Tancred Ibsen nous invite à suivre la fuite de deux criminels : Karl Johan Ekström, un Suédois d'une trentaine d'années, et Gustav, un Norvégien de 17 ans. Pendant 85 minutes environ, on les voit avaler des kilomètres de forêts, de landes, grimper et redescendre des collines, longer des lacs, avec, à leurs trousses, la police, la garde nationale et tous les paysans des environs. Problème : ce film, qui pourrait être une "chasse à l'homme" haletante, se réduit à un spectacle d'une neutralité quelque peu "embarrassante". De fait, on n'a ici ni policier charismatique, ni bandits sympathiques victimes de la fatalité ou d'une machination, et, à moins de prendre fait et cause pour des meurtriers, on ne peut qu'assister à la course-poursuite en restant sur le bord du chemin. Tout bien considéré, seules les 23 dernière minutes — pendant lesquelles la rage qui anime le personnage d'Ekström est vraiment bien rendue — se distinguent du lot et finissent par forcer le respect... Détail intéressant : ce film est l'adaptation d'un roman du début des années 1930 qui s'inspirait d'une affaire criminelle réelle ayant eu lieu en 1926. A sa sortie, un des deux fuyards fit un procès à la compagnie Norsk Film, demanda son interdiction et obtint gain de cause. En 1952, un jugement interdit purement et simplement sa diffusion et il ne fut remontré au public — à la cinémathèque de Bergen — qu'en 1998 !
 
Skadeskutt / La blessure (Edith Carlmar, 1951)
Dans la première moitié des années 1950, le directeur d'un asile psychiatrique nous raconte comment Einar Wang, un ancien patient, avait été admis dans son service après avoir tenté de se jeter sous les roues d'un train. Marié depuis quatre ans à la jolie Else, il n'était pas parvenu à avoir d'enfant et cela avait fini par le plonger dans un grave état dépressif. Après moult piqûres et quelques séances d'électrochocs, l'homme avait peu à peu refait surface. Mais ce n'est que lorsque sa femme avait subitement trouvé le moyen de tomber enceinte qu'il avait pu regagner le monde des "vivants". Seulement voilà : à cette époque, les troubles du psychisme mettaient bien des gens mal à l'aise, beaucoup pensaient "fou un jour, fou toujours"...

Ce deuxième film d'Edith Carlmar est une sorte de docu-fiction sur la psychiatrie en Norvège au début des années 1950. Il commence de façon pataude, on y voit des gens en blouse blanche jouer maladroitement des scènes de la vie quotidienne en milieu hospitalier : l'admission des patients, les repas, les visites du médecin-chef, les nuits, les promenades, les séances d'électrochocs (dont on pensait qu'ils agissaient sur les troubles mentaux à la façon de la pénicilline sur la pneumonie). On y entend aussi de tristes constats : les patients des hôpitaux psychiatriques font peur, ils sont les lépreux du monde contemporain. Ils sont la honte des familles, on les cache, on les oublie (sauf lorsqu'il y a un héritage à récupérer). Par ailleurs, les moyens pour les soigner sont très insuffisants. Pendant un bon moment, les tableaux s'enchaînent sans être jamais développés, et l'on s'ennuie un peu. Le cinéma ne reprend vraiment ses droits que lorsque Else décide dans l'urgence de tomber enceinte (là, les choses se corsent un peu et l'on se met à penser à ces contes de Maupassant où l'héroïne doit avoir un enfant à tout prix) et quand Einar finit par regagner son domicile et son travail ; y aura-t-il rechute ou pas ? A ce moment, les paupières du spectateur se relèvent, mais il est un peu tard... le film se termine.
 
Nødlanding / Atterrissage forcé (Arne Skouen, 1952)
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Ung frue forsvunnet / Une jeune femme a disparu (Edith Carlmar, 1953)
1953, à Oslo, un homme repêche un chapeau de femme dans l'eau irisée d'un canal. Un peu plus tard, dans un autre quartier de la ville, Arne Berger — un jeune professeur d'archéologie — rentre chez lui après un voyage de quelques jours et constate avec surprise que son épouse — Eva — est absente. Quand la bonne lui annonce que la jeune femme a quitté leur domicile depuis un moment, il décroche le téléphone, appelle les amis, puis le service des urgences, puis la police, mais n'obtient aucun renseignement susceptible de le rassurer. Où diable est passée Eva ?

A ceux qui souhaiteraient découvrir le film, on conseillera de ne pas lire ce qui suit, car le mystère de la disparition de la jeune femme n'est dévoilé qu'au bout de 45 minutes environ... Aux autres lecteurs, on dira qu'avec ce troisième film Edith Carlmar nous sert une nouvelle histoire édifiante ayant pour thème — cette fois — les malheurs de la toxicomanie. On y voit, étape par étape, la lente descente aux enfers d'une pauvre jeune femme bourrée de complexes, mal aimée : cela commence par la prise de cachets de Benzafinyl (mélangés à de l'alcool), puis, de proche en proche, on passe à la morphine. On assiste à la course aux ordonnances (Eva passe d'un docteur à l'autre), à un vol dans une pharmacie, à une arrestation, à une cure de désintoxication. A ce moment-là, on nous fait croire au happy end, mais la rechute ne tarde pas. Eva se met à boire du sirop à la codéine, elle se met aussi à prendre le sirop à l'opium de son mari, puis s'en va chercher des substances plus fortes auprès d'un ancien compagnon d'infortune... Comme dans "Skadeskutt" (1951), où il était question des troubles mentaux, le film adopte d'abord un ton quasi documentaire et manque quelque peu de naturel. Après quoi, de flash-back en flash-back, on se met à suivre l'enquête avec intérêt : on se demande d'abord ce qui est arrivé à la jeune femme, puis on attend de voir si elle s'en sortira ou pas. Vu avec des yeux de 2008, il serait facile d'ironiser sur la simplicité d'image d'Épinal et sur les raccourcis de l'exposé, mais, si l'on se replace dans le contexte, nul doute que le film fit grosse impression à l'époque de sa sortie. C'est à voir avant tout comme un document, un témoignage d'époque.
 
Aldri annet enn bråk / Les voisins terribles (Edith Carlmar, 1954)
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Bedre enn sitt rykte / Beaucoup de bruit pour rien (Edith Carlmar, 1955)
A Oslo, au début des années 1950, le jeune Dag — lycéen de son état — n'a d'yeux que pour Mlle Strøm, sa jeune et jolie professeur de Français. Bien sûr, cela finit par se voir et par agacer bien du monde, à commencer par Karin qui, elle, a les yeux de Chimène pour le garçon. Bientôt, l'année scolaire touche à sa fin, les examens de fin d'études ont lieu ; les passions de chacun seront-elles assouvies ?

Ici, Edith Carlmar nous sert un portrait de la vie estudiantine à Oslo dix ans après la seconde guerre mondiale. On y voit toutes sortes de choses assez insolites — pour un Français de 2008 à tout le moins — dont, notamment, la fête des "russ" (rite de passage célébré par les étudiants à la fin de leurs 13 années d'école). On y aborde aussi de façon légère le thème du conflit de générations... En 1955, peu avant que le film ne sorte sur les écrans, les élèves de "Terminale" de la capitale norvégienne avaient manifesté, pensant qu'on ne les montrerait pas à leur avantage, mais, après la première, les esprits s'étaient calmés et le plus grand nombre avait convenu qu'on avait fait "beaucoup de bruit pour rien"... Par certains côtés formels (la bande de copains, la voiture improbable, le côté artiste), le film fait parfois penser à "Rendez-vous de juillet" de Jacques Becker (1949). Il se regarde sans ennui.
 
Kontakt ! / Contact ! (Nils R. Müller, 1956)
Ce film nous montre de façon presque documentaire comment — pendant l'occupation allemande — un groupe de résistants norvégiens conduit par Oluf Reed Olsen (1918-2002) communiqua des renseignements aux services secrets alliés au moyen d'une station de radio clandestine installée à Kristiansand puis à Oslo...

On a là un film de héros comme on en a tourné des tas dans les années 1950-60. On a des scènes d'espionnage, d'arrestation, d'interrogatoire musclé, d'évasion, d'entraînement au Canada, de parachutage, d'actions au nez et à la barbe des occupants... Ils étaient beaux, ils sentaient bon le sable le chaud. Leurs ennemis étaient brutaux, pas futés pour deux sous, et tombaient comme des mouches au moindre coup de feu... bref : vous connaissez la chanson. Si le combat fut noble, la geste cinématographique "à papa", elle, est devenue un peu rasoir avec le temps. Sans compter qu'ici, le jeu des comédiens n'est pas toujours très convaincant (mais soyons justes : certains — à commencer par Oluf Reed Olsen lui-même — n'étaient pas des professionnels). On aimait ça quand on avait dix ans. Aujourd'hui, euh...
 
På solsiden / Sous le soleil (Edith Carlmar, 1956)
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De dødes tjern / Le lac des trépassés (Kåre Bergstrøm, 1958)
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Høysommer / Plein été (Arild Brinchmann, 1958)
Quelque part sur une île de Norvège, Rasmus — un peintre retiré du monde — s'occupe de la maintenance d'un phare pendant le congé maladie du gardien. Un beau jour, une barque à la dérive apparaît dans les eaux qui bordent sa retraite. Il plonge, la tire à terre et y découvre le corps inanimé d'une jeune femme...

Difficile de ne pas ricaner lorsqu'on découvre que la naufragée est une très jolie jeune femme tirée à quatre épingles (modèle "hôtesse de l'air passée au Fabulon"). Difficile de ne pas penser : "Quels veinards, ces gardiens de phare, il leur suffit de se pencher pour ramasser des sirènes !" Et puis, passé ce petit moment de persiflage, on finit par entrer dans le film. Car, tout bien considéré, cette histoire d'amants cachés parvient quand même à nous tenir en haleine et l'on attend avec curiosité de voir jusqu'où la belle Urda Arneberg entraînera son sauveur. Si l'on prend ce film comme une fable, on finit par tout accepter, même cet été norvégien si miraculeusement ensoleillé.
 
Lån meg din kone / Prête-moi ta femme (Edith Carlmar, 1958)
Bjørn Lund — jeune employé célibataire d'une entreprise de produits pour nouveaux-nés — fait croire à son patron qu'il est marié afin d'obtenir une promotion. Le mensonge passe comme une lettre à la poste, mais lorsque le jeune couple est invité à une soirée, les ennuis se profilent à l'horizon. Par chance, la femme de son ami Tor Reinert — Anita — propose de tenir le rôle pour lui. Ce qu'ils ignorent, c'est que cette histoire va les entraîner beaucoup plus loin que prévu...

Que dire ? Pour peu qu'on soit client du cinéma "familial" de cette époque (en France, un Jean Boyer aurait pu signer le film), on passera un bon moment. La mécanique du vaudeville est bien huilée et le spectacle vaut mieux que son titre de gros "nanar". Certains passages sont assez drôles (mention spéciale au séjour dans la maison de campagne du directeur Rustad) ; seule la fin — avec son concours de pitreries entre Tore Foss et Erik Lassen — pourra faire tiquer. Côté comédiens, on retrouve ici Atle Merton (qui donnera la réplique à une toute jeune Liv Ullmann dans "Ung Flukt"), Vigdis Røising (Karin dans "Beddre enn sitt rykte") et une Sonja Wigert à la souplesse étonnante (en 1955, dans "Danssalongen" du suédois Börje Larsson, elle faisait pourtant bien "mémère" !).
 
Ung Flukt / L'indocile - L'échappée belle (Edith Carlmar, 1959)
A Oslo, à la fin des années 1950, Anders — jeune homme de bonne famille — aime Gerd. Hélas, la jeune fille — qui n'est pas à proprement parler une "oie blanche" — ne plait pas beaucoup à ses parents. Qu'à cela ne tienne : un jour, il emprunte la volkswagen paternelle et emmène sa dulcinée dans un coin de forêt à l'écart de tout. Là, pendant plusieurs jours, ils vivent d'amour et d'eau fraîche, comme hors du temps, mais la réalité ne tarde pas à les rattraper...

Ce film fait immanquablement penser à "Elle n'a dansé qu'un seul été" (Arne Mattsson, 1951) et "Monika" (Ingmar Bergman, 1953). Au premier, il emprunte l'histoire du conflit de générations et du jeune homme riche amoureux de la petite fille pauvre. Au second, il emprunte le thème de la fugue et le personnage de la jeune femme sensuelle et fantasque. Il ne parvient pourtant pas à impressionner le spectateur aussi fort que ses deux prédécesseurs suédois. Certes, la prestation de Liv Ullmann — alors âgée de 20 ans — est parfois bien sulfureuse (mention spéciale aux scènes du swing — vraiment digne d'un sabbat —, de la mise à mort du mouton, et de la parade du tétras), et, à l'époque, le film a fait scandale ; il n'empêche, aujourd'hui, l'ensemble est quand même un brin "gentillet".
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