Kino
Digital : Cinéma nordique |
|
|
Ici,
on vous invite à survoler en quelques pages les
notules "critiques" présentes sur certains
tests dvd de la rubrique "Cinéma nordique"
de Kino Digital. Les films — inédits en
France — sont classés par années
de sortie. Dans une même année, le classement
est fait par ordre alphabétique de titres originaux.
Vous trouverez essentiellement des films suédois,
mais aussi quelques titres norvégiens, danois,
islandais et finlandais. Bien sûr, les avis exprimés
ici n'engagent que le ouebmestre du site. |
|
|
Danemark
- les années 2000 |
|
Den
sorte Madonna /
La Vierge
noire (Lasse Spang Olsen, 2007) |
|
Au
Danemark, Kurt Hartmann dérobe un tableau représentant
la Vierge noire de Czestochowa pour le compte de malfrats
russes, et, pour échapper à la police,
se voit contraint de l'envoyer par la Poste à
sa fille Maria qu'il n'a pas vue depuis des années.
S'ensuit une course-poursuite sur les routes danoises
puis polonaises entre la jeune femme, un policier suspendu,
des complices persuadés qu'ils ont été
doublés et un tueur...
Il s'agit d'une comédie policière "loufdingue",
dans l'esprit de ce qu'ont pu faire Georges Lautner
et Philippe De Broca il y a quelques décennies
(on pourra aussi penser à quelques "délires"
à la Jean-Marie Poiré, mais avec un découpage
plus soft). Ici, Tuva Novotny — jeune coqueluche
du cinéma suédois depuis 2000 —
nous la joue Jean-Paul Belmondo dans "l'Homme de
Rio". Elle vole au secours de son père :
en voiture, en bateau, à la nage, en avion...
elle assomme ou électrocute ses divers poursuivants,
elle fonce, au mépris de la plus élémentaire
vraisemblance (mention spéciale au "grand
n'importe quoi" de la scène de l'avion).
Dans ce film, on se tire dessus, on accumule parfois
les blessures, mais on ne meurt presque jamais... Il
y a cinq scènes d'action dans la première
heure, puis — comme souvent — le soufflet
a plutôt tendance à retomber. Quoi qu'il
en soit, c'est filmé avec sincérité
(autrement dit : on n'a pas l'impression d'être
devant un "nanar" vite torché) et —
pour peu qu'on ne soit pas bégueule — cela
se regarde avec amusement. Un petit film sympatoche. |
|
Det
som ingen ved /
Ce que personne ne sait (Søren Kragh-Jacobsen,
2008) |
|
Un
soir de 1988, quelque part au nord de Copenhague, trois
jeunes femmes pensent avoir réuni assez de documents
pour dénoncer un trafic illégal d'armes
chimiques couvert par le gouvernement et se préparent
à passer l'action. Seulement, dans la nuit, leur
maison brûle... 20 ans plus tard, à Copenhague,
Thomas Deleuran — artiste itinérant spécialisé
dans les spectacles pour enfants — est convié
par sa soeur Charlotte à un rendez-vous mystérieux
à Malmö (Suède). Il s'y rend, mais,
à peine arrivé sur le sol suédois,
il apprend que sa soeur a disparu accidentellement dans
le bras de mer qui sépare le Danemark de la Suède.
Quand le corps sans vie de la jeune femme finit par
être retrouvé, Thomas se met en tête
de comprendre ce qui est arrivé. Il fouille dans
l'appartement de la morte et découvre tout un
ensemble de documents étranges parlant de virus,
de guerre biologique...
On a là un thriller exploitant le thème
du citoyen lambda aux prises avec la raison d'État
ou ceux qui prétendent agir en son nom. Cela
permet au réalisateur de soulever un petit débat
sur la nature liberticide de la surveillance à
outrance : les caméras à tous les coins
de rues, dans les parkings, les magasins, les lieux
de travail... les communications téléphoniques
espionnées, etc. Comme le dit le personnage interprété
par Maria Bonnevie : "Tant que cela ne concerne
que les immigrés et les dealers, personne ne
proteste, mais lorsque cela se retourne contre vous,
on ne rit plus !" Le film se laisse suivre, il
y a un certain suspense, même si — il faut
bien l'avouer — l'on peine à prendre tout
cela très au sérieux et à avoir
peur. Il faut dire que le héros est un peu trop
"lambda", un peu trop "mou" pour
que l'adrénaline du spectateur se mette à
bouillonner. Là où les Américains
parviendraient à nous filer les chocottes, Søren
Kragh-Jacobsen
nous sert un mélange plus proche du bol de camomille
que du tord-boyaux au kérosène. Et les
quelques décès qui émaillent le
film ne changent rien à l'affaire ; cela reste
soft, avec des méchants à la limite de
la complaisance. |
|
Kandidaten
/ Le
candidat (Kasper
Barfoed, 2008) |
|
Un
beau jour, Jonas Bechmann se présente à
un grand cabinet d'avocats pour y reprendre la place
laissée vacante par son père décédé
un an plus tôt, mais, bien qu'il ait de solides
références, sa candidature est rejetée
sous prétexte que la disparition de son père
pourrait l'avoir marqué au point d'altérer
son objectivité professionnelle. Profondément
déçu par ce refus, le jeune homme s'en
va noyer sa contrariété dans l'alcool,
le soir même, en compagnie d'un ami. Musique bruyante,
flashes des spots, augmentation des taux d'alcoolémie,
puis apparition de deux filles, puis la nuit... Le lendemain,
Jonas se réveille dans une chambre d'hôtel
baignée d'une lumière vive, complètement
perdu. Il comprend en regardant autour de lui qu'il
n'a pas passé la nuit seul, qu'il a été
infidèle à son amie Camilla. Il se lève,
passe dans la salle de bains, et là... catastrophe
!
Pour tout dire, les histoires se passant au Danemark
ne me passionnent pas beaucoup et je n'ai pas un goût
immodéré pour les sonorités de
la langue d'Andersen. Si l'on ajoute à cela que
le héros du film est interprété
par Nikolaj Lie Kaas — un comédien au physique
difficile, découvert en 2003 dans "Reconstruction"
(Christopher Boe) puis en 2004 dans "Brødre"
(Susanne Bier) — j'avais toutes les raisons de
passer au loin. Mais la présence de la comédienne
suédoise Tuva Novotny (qui a entamé depuis
peu une carrière danoise), une bande annonce
intrigante et un bouche à oreille favorable m'ont
fait dresser l'oreille... En résumé, on
a là une histoire de machination — d'homme
se débattant comme un beau diable pour échapper
à la justice — qui tient assez bien la
route. Le rythme est assez soutenu — on va même
jusqu'à nous servir un accompagnement musical
à la Jason Bourne — et le réalisateur
parvient à nous tenir en haleine pendant un bon
moment. Cela dit — car il y a bien sûr un
"mais" — les scénaristes ont
peut-être un peu trop chargé la barque
et lorsqu'on arrive à la conclusion de cette
course effrénée, il faut faire un certain
effort pour adhérer à toute cette aventure.
Mais... n'en dévoilons pas davantage ! |
|
|
Finlande
- les années 2000 |
|
Äideistä
parhain / Den bästa av mödrar / La meilleure
des mères (Klaus Härö, 2005) |
|
De
nos jours, en Finlande, un homme d'environ 70 ans rend
visite à sa vieille mère afin d'évoquer
avec elle les années de guerre, ces années
pendant lesquelles il avait été envoyé
en Suède pour échapper aux bombardements
soviétiques, ces années pendant lesquelles
il avait été recueillis par Hjalmar et
Signe Jönsson, un couple d'exploitants agricoles
de Scanie...
Attention : même si le film n'est pas sponsorisé
par Kleenex, il s'agit d'une histoire à faire
pleurer les pierres ! On y montre comment, pendant la
dernière guerre, plusieurs dizaines de milliers
d'enfants finlandais furent éloignés du
front de l'Est en étant confiés à
des familles suédoises, norvégiennes et
danoises. Pendant une heure quarante environ, on suit
le jeune Eero Lahti dans son exil forcé, dans
un pays dont il ne parle pas la langue (quelques mots
à peine) et où personne ne le comprend.
On voit les difficultés qu'éprouve le
couple Jönsson à lui faire une place, on
le voit compter les jours, penser à sa mère,
attendre le courrier, faire des projets ou des tentatives
d'évasion... On voit surtout comment sa relation
conflictuelle avec Signe Jönsson — sa mère
de substitution — évolue au fil du temps...
Klaus Härö — réalisateur de "Elina
: som om jag inte fanns" (2002) — signe ici
un nouveau film de papier glacé que Jan Troell
ne renierait pas. De la forêt de bouleaux finlandaise
au joli hameau de Scanie où se déroule
le plus gros de l'aventure, son directeur de la photographie
s'en donne à coeur joie et nous livre un bel
album d'images. Côté comédiens,
l'alchimie entre les trois interprètes principaux
— le jeune Topi Majaniemi, Maria Lundqvist et
Michael Nyqvist — est parfaite et le personnage
de mère tourmentée joué par Maria
Lundqvist est de ceux qui vous trottent dans la tête
un bon moment après le mot "fin". Seul
bémol : les violons et le piano un peu trop dégoulinants
de Tuomas Kantelinen. Il n'y a rien de plus irritant
que ces partitions qui vous disent à quel endroit
rire, à quel endroit pleurer. |
|
|
Islande
- les années 2000 |
|
Ikíngut
(Gísli Snær Erlingsson, 2000) |
|
En
Islande, au 18e siècle, une petite communauté
côtière s'apprête à affronter
un hiver rigoureux. Le moral n'est pas bien haut : les
réserves de nourriture ne sont pas très
importantes et l'arrivée de la banquise venue
du Groenland suscite bien des craintes. C'est que, avec
elle, viennent les blizzards et les ours blancs, mais
aussi les créatures maléfiques, les monstres
et les démons. Et justement, un beau jour, après
la messe, le jeune Bóas aperçoit une forme
étrange sur la plage. Une créature non
identifiée, couverte de fourrure blanche. Il
ne lui en faut pas plus pour sonner l'alarme...
Avis critique un de ces jours... |
|
Mávahlátur
/ Le rire des mouettes (Ágúst Guðmundsson,
2001) |
|
En
Islande, au début des années 1950, Freyja,
jeune veuve, s'en revient d'Amérique. Son retour
dans le village de pêcheurs de son enfance ne
va pas sans provoquer quelques vagues : et dans sa famille,
et au sein de la communauté masculine locale
; le tout sous le regard méfiant d'Agga, une
adolescente fantasque qui voit ce retour de l'enfant
prodigue d'un mauvais oeil...
L'Islande de l'immédiat après-guerre,
avec les grosses voitures années 50, les airs
de swing, mais aussi la lutte des classes... c'est peu
de dire que le spectacle est dépaysant. La reconstitution
est plutôt soignée, même si l'on
se prend à repérer, ici ou là,
quelques éléments anachroniques dans le
décor. Comme souvent : les choses commencent
sur un bon rythme, puis la cadence faiblit. Quoi qu'il
en soit, il est quand même bien dommage que ce
genre de cinéma-là n'ait pas droit aux
honneurs du marché français (avec sous-titrage
à la clef). |
|
Hafið
/ La mer (Baltasar Kormákur, 2002) |
|
Quelque
part en Islande, un patriarche barbu et tyranique (propiétaire
d'une usine de conditionnement de poisson) a convoqué
ses enfants car il a quelque chose d'important à
leur dire. Très vite la réunion de famille
tourne à "Réglement de compte à
OK Corral" ou... "Affreux, sales et méchants".
Je m'en veux d'être aussi négatif, mais
j'ai trouvé ce film assez désagréable
à regarder : tous les personnages y sont déplaisants
(à l'exception de la petite française
de service, perdue au milieu de cette bande de sauvages),
fréquemment agressifs, avec des comportements
sortant souvent des limites de la légalité.
Ceux qui penseraient voir une histoire sympa dans de
beaux paysages, en seront pour leurs frais ! C'est vraiment
l'anti-spot de pub pour l'Islande : "Surtout ne
venez pas ! on est tous déplaisants et mentalement
dérangés !" |
|
Kaldaljós
/ Lumière froide (Hilmar Oddsson, 2004) |
|
A
Reykjavik, Grímur Hermundsson mène une
vie solitaire dans un appartement à la sévérité
monacale. Il traîne son regard mélancolique
sur les choses avec, dans la tête, des images
étranges, violentes, qui reviennent et reviennent...
Un jour, il décide de s'inscrire à l'école
de dessin. Au terme de la première séance,
son professeur est particulièrement troublée
par les motifs nés de son fusain. Quel secret
se cache derrière ses yeux tristes ?...
Il s'agit bien sûr d'un nouveau "Qui suis-je,
où vais-je, dans quel état j'erre ?",
mais à la sauce islandaise. Vous avez d'abord
le cadre, les paysages (qui font bien rêver si
l'on est amateur de régions boréales),
et puis les petites particularités scénaristiques
qui en font une histoire "bien de là-bas".
De fait, il y a un petit côté "saga
islandaise" dans l'histoire de son personnage principal.
Un personnage qui, enfant, nous est montré comme
différent, avec la faculté de voir des
choses que les autres ne voient pas. Tout comme certains
individus étranges de la vieille littérature
islandaise, il est à la fois framsýn
(il voit "en avant", il peut prédir
l'avenir) et ófreskr (doué de
"seconde vue"). Il est comme la vieille Álfrún
qui, elle aussi, voit des choses que les autres ne voient
pas, qui sent les forces invisibles, des forces qui
hantent aussi bien les montagnes, que les baies ou que
les gros rochers, mais, parce qu'il est trop jeune,
il ne comprend pas, il ne parvient pas à deviner
ce que toutes ses visions veulent dire. Bien sûr,
sa mère lui reproche de confondre les rêves
et la réalité, et lorsqu'il se confie
à sa soeur Gottína, il n'y gagne que le
surnom de "Grímur le conteur de sornettes"
(ce qui fait très "saga" aussi, cela
sonne comme un Thórir Crève-Géant,
un Hrólfr Marche-à-Pied ou un Geirmundr
Peau-d'Enfer), mais il s'entête, il veut savoir.
Et il se met à dessiner, il couche sur le papier
les visions qui traversent son esprit et tente de rassembler
les morceaux du puzzle. Peu à peu, les choses
se précisent, et, quand elles finissent par devenir
claires... il est trop tard. Il comprend avec douleur
ce qu'il en coûte de vouloir regarder le destin
en face... L'ambiance n'est pas à la fête
— même parvenu à l'âge d'homme,
Grímur continue de porter son fardeau en silence,
un peu en sauvage —, mais cette histoire de libération,
de démons intérieurs que l'on finit par
chasser, parvient vraiment à émouvoir...
Incidemment, s'il vous arrivait de trouver que le garçon
qui incarne Grímur enfant ressemble étonnamment
à Ingvar Eggert Sigurðsson, eh bien, dites-vous
que c'est normal ; les deux sont père et fils
dans la vraie vie. Quant à Gottína, c'est
la même chose : son rôle est tenu par
la fille même du comédien. |
|
Köld
slóð / Piste blanche (Björn Brynjúlfur
Björnsson, 2006) |
|
A
Reykjavik, le journaliste Baldur Mariuson — du
tabloïd "Les nouvelles du soir" —
est chargé d'écrire un article sur une
affaire d'inceste impliquant un notable, tandis que
sa jeune collègue Elin se voit confier une histoire
de mort accidentelle d'un gardien de nuit dans un barrage
du nord du pays. La grosse affaire pour l'un, le fait
divers sans intérêt pour l'autre... Sans
intérêt ? C'est à voir. Quelques
heures après la parution de l'article d'Elin,
Baldur découvre que le gardien de nuit n'était
pas n'importe qui et il se met à enquêter
à son tour...
On tient là un thriller islandais plutôt
"pas mal", d'autant qu'il est mâtiné
de "fantastique". Que les choses soient claires
: c'est du "cinoche", avec une esthétique
plus proche du téléfilm que du grand et
beau cinéma. Il y a aussi une dose raisonnable
de "n'importe quoi" dans le climax final.
Mais cela se laisse regarder ; ne serait-ce que pour
le voyage. De fait, on a des personnages qui parlent
islandais, des routes battues par la neige, des étendues
blanches, des glaciers, des chutes d'eau, des bassins
d'eau chaude où l'on se baigne tout nu malgré
le froid ambiant... l'Islande quoi. Côté
intrigue, on retrouve ici des ingrédients qui
font penser aux vieilles sagas : les histoires de famille,
de vengeance, de revenant... Le personnage d'Elin
le dit au début : "Un tiers des Islandais
croient aux fantômes." Le côté
"fantastique" de l'histoire est d'ailleurs
le petit "plus" du film, mais il n'est malheureusement
pas assez abouti. Si le dédale des couloirs dans
le sous-sol du barrage constitue l'endroit rêvé
pour jouer à "Hou ! fais-moi peur",
le personnage du draugr (ce défunt qui
veille sur sa descendance) n'est pas assez bien introduit.
On ne comprend que très tardivement ce qu'il
est et seul un deuxième visionnage du film permet
de saisir tous les détails paranormaux de l'affaire...
Sinon, côté comédiens, on a ici
quelques têtes connues (mais c'est un peu obligé
: la communauté des comédiens islandais
n'est pas immense ; dans chaque film, on revoit souvent
les mêmes acteurs !) : Þröstur Leó
Gunnarsson (vu dans "La mer", "Noé
l'albinos"), Hilmir Snær Guðnason ("Le
rire des mouettes", "La mer"), Tómas
Lemarquis ("Noé l'albinos"), Elva Ósk
Ólafsdóttir ("Ikíngut",
"La mer"). Enfin, c'est l'occasion de découvrir
Anita Briem, dans le rôle du tendron de service.
"Köld slóð" est son premier
film islandais et le public français a pu la
découvrir en juillet 2008 dans "Voyage au
centre de la terre" au côté de Brendan
Fraser. |
|
Mýrin
/ La cité des jarres (Baltasar Kormákur,
2006) |
|
Dans
un hôpital de Reykjavik, la petite Kola meurt
d'une tumeur cérébrale. Quelques jours
plus tard, on trouve dans le quartier de Norurmýri
le corps d'un sexagénaire assassiné d'un
coup de cendrier. Il n'y a bien sûr aucune raison
de faire le lien entre les deux décès.
Et pourtant...
Ce film est l'adaptation d'un roman d'Arnaldur Indriðason
(prix Clé de verre du roman noir en 2002). Il
nous raconte les aventures d'un Kurt Wallander islandais
— l'inspecteur Erlendur — et, pour tout
dire, il est assez emballant. Autant "La Mer"
pouvait décevoir, autant celui-ci est captivant
de bout en bout. On n'y voit pourtant rien d'extaordinaire
(côté paysages islandais, c'est assez quelconque
; l'histoire pourrait se dérouler en Angleterre,
aux Pays Bas, en France), le comédien Ingvar
Eggert Sigurðsson n'a pas non plus une "gueule"
à laquelle on adhère spontanément
(sans parler des goûts alimentaires du personnage
qu'il incarne), enfin l'ambiance générale
n'est pas franchement au survoltage ; mais qu'à
cela ne tienne ! Le scénario est suffisamment
malin, il nous emmène sur des sentiers suffisamment
singuliers — et résolument islandais, eux
— pour qu'on se laisse prendre par la main jusqu'au
désenchevêtrement complet de l'intrigue.
Le seul bémol viendra sans doute du procédé
narratif utilisé pour raconter deux histoires
se déroulant à quelques jours d'intervalle.
Il n'est pas absolument évident pour le spectateur
de faire tout de suite la nuance entre la partie "bleutée"
du film et sa partie en couleurs naturelles. Quoi qu'il
en soit, cette transposition à l'écran
des aventures de l'inspecteur Erlendur — et de
ses adjoints Sigurður Óli et Elínborg
— n'est pas mal du tout et l'idée qu'on
puisse un jour tourner d'autres épisodes du même
acabit est assez réjouissante. Une sortie en
salle en France était annoncée pour la
fin du mois d'août 2008. |
|
Reykjavik-Rotterdam
(Óskar Jónasson, 2008) |
|
De
nos jours, en Islande, Kristófer occupe un emploi
routinier de veilleur de nuit sur les docks de Reykjavik.
Quand le soleil se lève, il rentre chez lui et
retrouve sa petite famille — Iris, sa compagne,
et ses deux garçons — et les soucis d'argent
qui l'empêchent de voir l'avenir avec sérénité.
Le tableau n'est pas brillant, mais, à force
d'économies et de débrouille, le couple
devrait pouvoir s'en sortir. Et puis, un beau matin,
c'est la tuile : le propriétaire de leur appartement
leur donne un mois pour quitter les lieux. Comment faire
pour se tirer de ce mauvais pas ? C'est là qu'intervient
Steingrímur, l'ex-compagnon d'Iris. Il propose
son aide à Kristófer à charge pour
lui d'embarquer sur un porte-conteneurs et d'aller chercher
à Rotterdam de l'alcool de contrebande. Kristófer
hésite — autrefois, il avait été
marin, il s'était déjà livré
à la contrebande et avait même fait de
la prison pour cela — puis se laisse convaincre.
Ce qu'il ignore, c'est que ce voyage de douze jours
va l'entraîner beaucoup plus loin que prévu...
On tient là un chouette thriller islandais, court,
efficace, avec, excusez du peu, Arnaldur Indriðason
("La cité des jarres", 2006) au scénario.
On mentirait si l'on disait que les ingrédients
de l'histoire sont totalement inédits, mais l'ensemble
est suffisamment bien ficelé pour que l'on se
laisse prendre par la main. Baltasar Kormákur
— également réalisateur de cinq
films — a une réelle prestance dans ses
habits de Kristófer. En face de lui, Ingvar Eggert
Sigurðsson — qu'on a pu voir dans "Le
faucon islandais", "Lumière froide"
ou "La cité des Jarres" — promène
son physique si particulier avec une assurance de vieux
routier. Enfin, Ólafur Darri Ólafsson
— l'homme de main, le sale type de service —
dégage une violence convaincante. Seule fausse
note : le traitement un peu léger de l'attaque
du fourgon à Rotterdam. Autant les autres scènes
de violence du film sont crédibles, autant ce
passage est réalisé avec une relative
maladresse et un humour décalé qui tombe
vraiment comme un cheveu sur la soupe. Quoi qu'il en
soit, c'est à découvrir. Sachez même
que les messieurs-à-gros-cigares d'Hollywood
auraient décidé — avec leur manie
du recyclage à but très lucratif —
d'en faire un remake avec Mark Wahlberg.
|
|
- |
retour
haut |
- |
Kino
Digital är en hemsida utan lukrativa syften.
Bilderna tillhör sina respektive innehavare och
används i informationssyfte. / Kino Digital est
un site perso à but non lucratif. les images
sont la propriété exclusive de leurs
ayants-droit respectifs. Utilisation à titre
d'illustration du propos. |
|
|
|
|