Théâtre
en musique
Tout le monde connaît l'Opéra. Connaissez-vous la Tragédie en musique ?

Cela date de la fin du 17e siècle, ce n'est pas à proprement parler de l'Opéra, c'est du théâtre en musique. Le genre a été créé en France par Jean-Baptiste Lully (1632-1687) et il a connu la perfection avec Jean Philippe Rameau (1683-1764).

Une tragédie en musique, c'était : un prologue et cinq actes. C'était essentiellement une pièce de théâtre où la musique servait à mettre de la couleur, à souligner les effets et, accessoirement, à couvrir le bruit des changements de décors.
 
Le plus, par rapport à l'Opéra, c'étaient les moments de respiration que le dramaturge ménageait ici et là. On appelait ces temps des "divertissements", ils étaient de la responsabilité du musicien et du chorégraphe, et se composaient de chœurs et de ballets. Ils permettaient aux auditeurs de souffler un peu et de se changer les idées, car cinq actes d'une histoire souvent tortueuse (voir la rubrique Synopsis), cela pouvait sembler un peu long. En termes très actuels, nous dirons que la tragédie lyrique était un opéra où l'on "zappait" de temps à autres.

Pour aller plus loin :

Le n° 68 de l'Avant-Scène consacré à Médée de Marc Antoine Charpentier, 1ère édition 1984, mise à jour 1993.
Les fêtes de Polymnie : musique en France de 1643 à 1763
Ouverture
Actuellement, en matière d'opéra, le monopole bel cantiste est pour le moins écrasant. Pourtant, n'en déplaise à bon nombre de marchands du Temple fascinés par leur tiroir caisse, et n'en déplaise aussi à tous les dilettantes* paresseux qui ne jurent que par Mozart, Rossini ou Verdi, on a écrit de fort jolies choses dans notre langue. Nous allons ici nous faire un plaisir de parler un peu de tous ces auteurs qui n'ont pas — ou n'ont plus — la chance d'être prophètes en leur pays.
* "Dilettantes", dans l'acception première du mot, c'est-à-dire "amateurs de musique".
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Site Rameau
 
Sic
Si vous voulez savoir ce qu'est
un opéra, je vous dirai que c'est
un travail bizarre de poésie et
de musique où le poète et le
musicien, également gênés l'un
par l'autre, se donnent bien de
la peine à faire un méchant
ouvrage.
Charles de Marguetel de Saint-Denis
de Saint-Évremont (1671)
 
Querelle bouffonne
De qui cette phénoménale ânerie ?

Je crois avoir fait voir qu'il n'y a ni mesure ni mélodie dans la musique française parce que la langue n'en est pas susceptible ; que le chant français n'est qu'un aboiement continuel, insupportable à toute oreille non prévenue ; que l'harmonie en est brute, sans expression, et surtout uniquement en remplissage d'écolier ; que les airs français ne sont point des airs ; que le récitatif français n'est point du récitatif. D'où je conclus que les Français n'ont point de musique et n'en peuvent avoir, ou que, si jamais ils en ont une, ce sera tant pis pour eux.

De l'effarant Jean-Jacques Rousseau ! (1753)
 
En 1752, une troupe italienne itinérante avait donné à Paris des opéras-bouffes (dont la Serva padrona, de Pergolèse). Le succès avait été considérable et, très vite, certains s'étaient mis à opposer tradition italienne et tradition française (alors dominée par la tragédie lyrique). Les deux camps avaient rivalisé de mauvaise foi pendant plusieurs mois, se jetant pamphlets et partitions à la tête, et puis, les Italiens avaient fini par se retirer. Cette vive polémique est restée dans l'Histoire sous le nom de "Querelle des Bouffons".
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Pour souffler un peu
Quelle était la part des divertissements dans une tragédie lyrique ? Voici deux exemples :
Phaëton (1683), de Jean Baptiste Lully
Scylla & Glaucus (1746), de Jean Marie Leclair
On voit que la part des divertissements augmente assez fortement. Si l'on excepte les semi-opéras de Henry Purcell (1659-1695) qui doivent beaucoup au goût français, on ne trouve pas d'équivalent ailleurs. Chez Händel (1685-1759), par exemple, les opéras ont beau débuter par de superbes ouvertures « à la française », ils n'en reposent pas moins sur les parties chantées (à quelques exceptions près : Alcina, par exemple, où les ballets sont assez nombreux)
L'ouverture à la française
L'ouverture lullyste et ses prolongements
 
Le répertoire baroque français
Musique lyrique profane sous Louis XIV
Musique lyrique profane sous la Régence et sous Louis XV
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Faut-il jeter les prologues avec l'eau du bain ?
Toute tragédie lyrique qui se respecte débute par un prologue, une sorte de mise en bouche avant le début du spectacle. Or, contrairement à la tradition italienne, le prologue français n'a souvent aucun lien avec la tragédie qui suit. En fait, il est généralement destiné à vanter les mérites du commanditaire de l'œuvre (du « sponsor » en somme) et, comme celui-ci est bien souvent le roi, la brosse à reluire s'active à tout va. Ce n'est que lorsque les boucles de ses chaussures sont très brillantes que le spectacle peut commencer.

Exemple de flagornerie :
Louis est triomphant, tout cède à sa puissance,
La victoire en tous lieux fait révérer ses lois.
Pour l'avoir avec nous toujours d'intelligence,
Rendons-luy des honneurs dignes de sa présence,
Rendons-luy des honneurs dignes des grands exploits,
Qui consacrent le nom du plus puissant des Roys.
(Thomas Corneille, prologue de Médée, de Marc Antoine Charpentier)
C'est vrai, les auteurs n'hésitaient pas à charger la barque. Pourtant, toutes ces choses chantées en chœur sur une musique de Charpentier ou de Lully, c'était tout de même très joli. De nos jours, il est de bon ton chez les critiques de dénigrer les prologues, ils ont bien tort. Ces mini-tragédies comportent souvent un grand nombre de divertissements, elles sont bien agréables à écouter, et, pour les gens qui supportent mal l'aridité des vastes steppes du récitatif, elles sont un peu comme des oasis.

Sur les prologues (suite)
Synopsis ou "De quoi ça parle déjà ?"
Mille et une histoires abra-
cadabrantes résumées en
quelques lignes. (Cliquez
sur la pile de manuscrits.)
Actualité
Quid novi ?

Du nouveau ! Céphale & Procris, tragédie en musi- que d'Elisabeth Jacquet de la Guerre est disponible en CD. Il s'agit d'un double CD de l'Ensemble Musica Fiorita chez ORF. (mai 2008)

Pirame & Thisbé, tragédie en musique de Jean-Fery Rebel & François Francoeur est annoncée pour mai 2008 par l'ensemble Stradivaria.

Proserpine, de Lully, va bientôt paraître sous la baguette d'Hervé Niquet. Par chance, le prologue ne passera pas à la trappe ! (avril 2008)

Grande nouvelle : l'intégrale en 3 CD de Thésée, tragédie en musique de Lully, est actuellement disponible. Il s'agit d'un enregistrement du Boston Early Music Festival, sous la direction de Stephen Stubbs. On peut se procurer le disque en passant par le site allemand www.jpc.de (juin 2007)... suite
Mise à jour : 1er novembre 2009
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