Labastide-Paumès - 24 septembre 1741
reconnaissance féodale faite au seigneur
Dans le château noble de Labastide-Paumès, après midi, les consuls modernes Raymond Lavedan, François Ste-Marie, Jeannet Auziville et Dominique Rives, et les sieurs Alexis Desbarats (arpenteur), Pierre Cazac, Dominique Laforgue, Jean Cazac, Pierre Clermont et Pierre Desbarats, tous habitants de Labastide, Dominique Joseph Lacaze, habitant de Toulouse, Pierre Paireu, habitant de Polastron, Dominique Pagan, habitant de L'Isle-en-Dodon, et Bernard Laurine, habitant de Riolas, reconnaissent messire Balthazar Emmanuel de Cambon, conseiller au parlement de Toulouse, comme seul seigneur haut justicier, moyen et bas du lieu de Labastide. Ils déclarent :

1) que celui-ci a le pouvoir de choisir annuellement quatre consuls parmi les huits personnes qui lui seront proposées par les titulaires sortants, 2) que ces consuls ont le droit d'exercer la justice criminelle et la police sur le territoire de Labastide conjointement avec un assesseur nommé par lui, 3) qu'il dispose par ailleurs de son juge pour exercer la justice criminelle, 4) qu'un greffier chargé de tout noter dans les registres de la communauté sera nommé par lui à chaque mutation consulaire, 5) qu'il a le droit de nommer un procureur juridictionnel (anciennement appelé procureur d'office) qui devra être domicilié à Labastide et avoir au moins 500 livres de biens, 6) que les habitants de Labastide qui se rendraient coupables de violence n'entraînant pas de blessures dangereuses devront lui verser une amende de 20 sols, 7) que les habitants de Labastide qui seraient incarcérés dans ses geôles n'auront pas à lui verser plus de 10 sols, 8) que les étrangers qui seraient incarcérés dans ses geôles devront lui verser 20 sols, 9) que tous les ans, à la Toussaint, la communauté doit lui verser un cens d'une valeur d'1 sol tournois (12 deniers deniers) par cétérée, 10) que tous les ans, à la Toussaint, la communauté doit lui verser un fouage d'une valeur d'1 mesure de blé, 1 mesure d'avoine et 1 poule par feu allumant et chef de maison (les héritiers d'un chef de maison décédé qui se seraient installés hors de la seigneurie en sont exemptés), 11) que tous les ans, à la Saint-Jean-Baptiste, chaque habitant par feu allumant doit lui verser 2 poulets, 12) que tous les ans, les habitants de Labastide lui doivent deux journées de bézial*, l'une consacrée à fouir ou bêcher ses vignes, l'autre consacrée à ramasser le foin dans ses prés, 13) que pendant ces deux journées, il se doit de nourrir et entretenir correctement les travailleurs, 14) que ceux qui ne pourraient s'acquitter physiquement des corvées en seront déchargés contre la somme de 6 liards, 15) que les pauvres prêtres, les pauvres femmes, les veuves et les mendiantes sont exemptées de ces corvées, 16) que la forge banale lui appartient et que tous les habitants sont tenus d'y faire aiguiser leurs outils aratoires en payant le forgeron, 17) qu'il est obligé de fournir à la communauté un forgeron qualifié qui sera payé par lui (la préférence sera accordée aux natifs du village), 18) que tous les ans, à la Toussaint, il pourra prélever 20 sols de fief sur toute personne qui fera le commerce du vin ou de boucherie, 19) que les cabarets et les bouchons** seront fermés pendant le mois de mai s'il décide de vendre du vin de son cru (le fief tombera alors à 10 sols), 20) qu'il possède trois moulins banaux (l'un à eau sur le Touch, et les deux autres à vent) auxquels les habitants sont tenus de porter leur grain à moudre, 21) que le droit de mouture du meunier ne peut excéder la valeur d'½ boisseau de grain par sac (mesure de L'Isle-en-Dodon), 22) que les habitants de Labastide auront la priorité sur les étrangers pour faire moudre leur grain, 23) que le meunier est tenu de prendre soin du grain qui lui sera porté, 24) que les habitants ont le droit de faire paître leur bétail sur ses terres, à l'exception du grand pré, de la garenne, de ses vergers et de ses jardins, 25) qu'il est défendu aux habitants de laisser paître leur bétail sur ses prés, du dernier février jusqu'à la fenaison, 26) qu'il est défendu aux habitants de laisser paître leur bétail dans ses bois pendant la glandée, de la fête de Notre-Dame en septembre jusqu'à la Sainte-Catherine, 27) qu'en cas de non respect de l'interdiction de pâturage, une amende d'1 sol tournois sera prélevée pour tout bœuf, cheval, jument ou âne saisi de jour ou de nuit, 28) que cette amende sera portée à 5 sols si le contrevenant se trouve en plus être de garde pendant la nuit, 29) qu'une amende d'1 liard sera exigée pour toute brebis, toute chèvre ou tout pourceau saisi de jour (2 liards si c'est la nuit), 30) que le bétail ne pourra être confisqué si le contrevenant s'est acquitté de l'amende, 31) que les habitants ont le droit de récolter le bois mort sur les terres seigneuriales, à l'exception de la garenne, 32) que les habitants qui seraient surpris à couper du bois vert sur les terres seigneuriales devront verser une amende de 2 sols et que les gardes-bois ou autres domestiques seigneuriaux ne pourront rien exiger de plus, 33) que lorsque viendra le temps des vendanges, les consuls devront aller le trouver pour en arrêter la date, 34) qu'il pourra faire vendanger ses vignes avant tout le monde, la veille du début officiel des vendanges, 35) que les habitants qui se louent pourront aider à vendanger ses vignes contre salaire, 36) que si les prés seigneuriaux qui bordent le Touch devaient être baillés en fief, la préférence irait aux gens du village et qu'un droit d'entrée de 35 livres par cétérée serait exigé.

Tous ces droits furent accordés à messire Jean Dorbessan dans la reconnaissance datée du 4 juillet 1610 (retenue par Me Delaborie, notaire de Lussan). Ils ont été confirmés par acte du 10 septembre 1728*** (retenu par Me Lalubye, notaire de L'Isle-en-Dodon), après un procès survenu entre la communauté et feu messire Louis Emmanuel de Cambon, grand chambrier du parlement de Toulouse et père dudit Balthazar Emmanuel. Il est encore rappelé que le seigneur pourra prélever 1 denier pour chaque sol de vente, de mise en gage ou d'échange, et que les diverses redevances en argent et en nature devront être portées au château. Messire Balthazar Emmanuel de Cambon s'engage de son côté à maintenir et confirmer la communauté dans tous ses droits, franchises et prérogatives, conformément à la reconnaissance de 1610.

Fait et récité en présence de Me Jean Olive, feudiste, habitant de Toulouse, ainsi que de Joseph St-Raymond et Jean Abadie, habitants de Polastron, qui ont signé avec le seigneur, le notaire et les députés (à l'exception des trois premiers consuls).
(ADHG 3E 19019 f°130vo-134vo - Pagan)

* Corvées.
** Synonyme de « cabarets ».
*** Dans l'acte précédent, il est écrit « décembre » (ligne 101).


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