A
Fabas, devant l'église et à l'issue
des vêpres, il y a réunion du conseil
de la communauté sous la présidence
de Me Pierre Daran, avocat au parlement (le juge du
lieu ayant dû s'abstenir). Sont réunis
: le sieur Alexis Ducassé (second consul ;
le premier étant paroissien de St-Pé
d'Arès), assisté de Vincent Castres,
Jean Vincent Courtiade (tous deux avocats au parlement),
Antoine Dario, Jean Louis Dufaut (tous les quatre
hauts taxés de la communauté paroissiale),
Baptiste Laurine, Jean Davejan, François Désirat,
Pierre Ducassé, Bertrand St-Supere, Jean Pierre
Courtiade (maître en chirurgie), Laris Coume,
Joseph Dufort, Jean Salières, Raymond Sentignan,
Raymond Laforgue, Bernard Ducassé, Jean Sentignan,
Jacques Courtiade, Vincent Brondes, Jean Loubière,
Gaudens Courtiade, Alexis Bagneris, Benoît Adet,
Joseph Mirapoix, François Cuigno, Denis Dader,
Pierre Savès, Denis Marrast, Jeannet Dario,
Georges Dario, Jean Pierre Laporte, Bernard Verdier,
François St-Ignan, Alexis Dangla*, Guillaume
Sentignan, Jean St-Ignan**, Jacques Nebout, Louis
Courtiade (maître en chirurgie), François
Latrille et Barthélémi Dader, tous habitants
de Fabas et constituant la plus grande et plus saine
partie de la communauté.
Le
consul communique à l'assemblée : 1)
que l'abbé Moulin (vicaire général)
a adressé à cette dernière une
ordonnance datée du 16 mai en réponse
à une requête présentée
le 6 à Monseigneur l'illustrissime et révérendissime
évêque de Comminges ; 2)
que le 27 du même mois, le curé du village
a été avisé par exploit qu'une
réunion aurait lieu le 29 ; 3)
que le curé n'a rien répondu et qu'il
ne s'est pas présenté à la réunion
; 4) qu'il convient néanmoins
de délibérer.
Sur
quoi, après avoir fait lecture de la requête,
de l'ordonnance et de l'exploit, Vincent Castres,
avocat au parlement, a déclaré : 1)
qu'il n'entendait pas contester au seigneur évêque
et à ses vicaires généraux le
droit de transférer les fêtes ; 2)
qu'il ne voyait pas de problème à ce
que le culte rendu à saint Georges se fasse
désormais le 12 octobre (jour de la translation
de ses reliques) et non plus le 23 avril, du moment
que la fête soit célébrée
avec un esprit vraiment religieux et qu'elle soit
accompagnée de la vénération,
modestie et révérence exigées
; 3) qu'il sait que l'article
28 de l'édit de 1695 donnant pouvoir aux archevêques
et évêques d'établir ou de supprimer
les fêtes exige que les ordonnances rendues
à ce sujet soit présentées au
roi pour être autorisées, mais que la
même loi est muette pour ce qui touche aux simples
translations de fêtes ; 4)
en conséquence, il lui semble suffisant que
le seigneur évêque ou ses vicaires aient
jugé la translation convenable pour souscrire
à l'ordonnance du 16 mai ; 5)
qu'il sait pour en avoir été témoin
qu'à l'époque où la Saint-Georges
était célébrée le 23 avril,
il venait dans la paroisse un certain nombre d'étrangers
qui se rendaient coupables d'irrévérences
et d'immodestie dans l'enceinte de l'église
; 6) qu'il juge la translation
très opportune dans la mesure où le
temps pascal est pour chacun un moment où l'on
doit s'empresser de tenir les marques d'un sincère
recueillement et que si la fête est transférée
en un temps plus reculé, les scandales qui
ne manqueraient pas de survenir seraient moins frappants
; 7) que si Monseigneur
l'évêque décide de laisser les
choses en l'état, le seul recours pour la communauté
sera l'appel comme d'abus*** ; 8)
que cet appel n'est pas suspensif et qu'il forcera
la communauté à engager des frais ;
9) que Monseigneur l'évêque
aura tôt fait d'obtenir des lettres d'autorisation
et qu'il ne restera plus aux paroissiens à
espérer d'être mis hors de cour et dépens****
10) qu'il répète
qu'il préfère s'en tenir à ce
qui a été ou sera statué et jugé
plus convenable au bien de la religion et au culte
de saint Georges (patron de la paroisse). Une fois
l'exposé achevé, le consul déclare
que les propos du sieur Castres méritent réflexion
et qu'ils seront communiqués à la partie
adverse.
Sur
quoi, il est délibéré : 1)
que Me Courtiade et les sieurs Antoine Dario, Dufaut,
Jean Pierre Courtiade, Coume, Raymond Sentignan, Laforgue,
Jean Sentignan, Loubière, Gaudens Courtiade,
Adet, François Sentignant, Guillaume Sentignan
et Louis Courtiade se rangent du côté
de Me Castres ; 2) que
les sieurs Alexis Ducassé, Laurine, Davejan,
Désirat, Pierre Ducassé, St-Supéri,
Dufaur, Salières, Bernard Ducassé, Jacques
Courtiade, Brondes, Bagneris, Mirapoix, Cuigno, Denis
Dader, Savès, Marrast, Jammet Dario, George
Dario, Laporte, Verdier, Nebout, Barthélémi
Dader et Latrille sont d'avis d'en rester à
la délibération du 6 mai ; 3)
qu'une requête sera dressée à
la diligence du sieur Loubière, nommé
syndic par la délibération du 6 mai.
Fait
et lu en présence de Damien Gesta, habitant
de Labastide-Paumès, et du sieur Bernard Loubière,
arpenteur, de la paroisse de Saint-Pé d'Arès,
lesquels ont signé avec Pierre Daran, les délibérants
sachant signer et le notaire.