Fabas - 29 mai 1774
translation de fête religieuse
A Fabas, devant l'église et à l'issue des vêpres, il y a réunion du conseil de la communauté sous la présidence de Me Pierre Daran, avocat au parlement (le juge du lieu ayant dû s'abstenir). Sont réunis : le sieur Alexis Ducassé (second consul ; le premier étant paroissien de St-Pé d'Arès), assisté de Vincent Castres, Jean Vincent Courtiade (tous deux avocats au parlement), Antoine Dario, Jean Louis Dufaut (tous les quatre hauts taxés de la communauté paroissiale), Baptiste Laurine, Jean Davejan, François Désirat, Pierre Ducassé, Bertrand St-Supere, Jean Pierre Courtiade (maître en chirurgie), Laris Coume, Joseph Dufort, Jean Salières, Raymond Sentignan, Raymond Laforgue, Bernard Ducassé, Jean Sentignan, Jacques Courtiade, Vincent Brondes, Jean Loubière, Gaudens Courtiade, Alexis Bagneris, Benoît Adet, Joseph Mirapoix, François Cuigno, Denis Dader, Pierre Savès, Denis Marrast, Jeannet Dario, Georges Dario, Jean Pierre Laporte, Bernard Verdier, François St-Ignan, Alexis Dangla*, Guillaume Sentignan, Jean St-Ignan**, Jacques Nebout, Louis Courtiade (maître en chirurgie), François Latrille et Barthélémi Dader, tous habitants de Fabas et constituant la plus grande et plus saine partie de la communauté.

Le consul communique à l'assemblée : 1) que l'abbé Moulin (vicaire général) a adressé à cette dernière une ordonnance datée du 16 mai en réponse à une requête présentée le 6 à Monseigneur l'illustrissime et révérendissime évêque de Comminges ; 2) que le 27 du même mois, le curé du village a été avisé par exploit qu'une réunion aurait lieu le 29 ; 3) que le curé n'a rien répondu et qu'il ne s'est pas présenté à la réunion ; 4) qu'il convient néanmoins de délibérer.

Sur quoi, après avoir fait lecture de la requête, de l'ordonnance et de l'exploit, Vincent Castres, avocat au parlement, a déclaré : 1) qu'il n'entendait pas contester au seigneur évêque et à ses vicaires généraux le droit de transférer les fêtes ; 2) qu'il ne voyait pas de problème à ce que le culte rendu à saint Georges se fasse désormais le 12 octobre (jour de la translation de ses reliques) et non plus le 23 avril, du moment que la fête soit célébrée avec un esprit vraiment religieux et qu'elle soit accompagnée de la vénération, modestie et révérence exigées ; 3) qu'il sait que l'article 28 de l'édit de 1695 donnant pouvoir aux archevêques et évêques d'établir ou de supprimer les fêtes exige que les ordonnances rendues à ce sujet soit présentées au roi pour être autorisées, mais que la même loi est muette pour ce qui touche aux simples translations de fêtes ; 4) en conséquence, il lui semble suffisant que le seigneur évêque ou ses vicaires aient jugé la translation convenable pour souscrire à l'ordonnance du 16 mai ; 5) qu'il sait pour en avoir été témoin qu'à l'époque où la Saint-Georges était célébrée le 23 avril, il venait dans la paroisse un certain nombre d'étrangers qui se rendaient coupables d'irrévérences et d'immodestie dans l'enceinte de l'église ; 6) qu'il juge la translation très opportune dans la mesure où le temps pascal est pour chacun un moment où l'on doit s'empresser de tenir les marques d'un sincère recueillement et que si la fête est transférée en un temps plus reculé, les scandales qui ne manqueraient pas de survenir seraient moins frappants ; 7) que si Monseigneur l'évêque décide de laisser les choses en l'état, le seul recours pour la communauté sera l'appel comme d'abus*** ; 8) que cet appel n'est pas suspensif et qu'il forcera la communauté à engager des frais ; 9) que Monseigneur l'évêque aura tôt fait d'obtenir des lettres d'autorisation et qu'il ne restera plus aux paroissiens à espérer d'être mis hors de cour et dépens**** 10) qu'il répète qu'il préfère s'en tenir à ce qui a été ou sera statué et jugé plus convenable au bien de la religion et au culte de saint Georges (patron de la paroisse). Une fois l'exposé achevé, le consul déclare que les propos du sieur Castres méritent réflexion et qu'ils seront communiqués à la partie adverse.

Sur quoi, il est délibéré : 1) que Me Courtiade et les sieurs Antoine Dario, Dufaut, Jean Pierre Courtiade, Coume, Raymond Sentignan, Laforgue, Jean Sentignan, Loubière, Gaudens Courtiade, Adet, François Sentignant, Guillaume Sentignan et Louis Courtiade se rangent du côté de Me Castres ; 2) que les sieurs Alexis Ducassé, Laurine, Davejan, Désirat, Pierre Ducassé, St-Supéri, Dufaur, Salières, Bernard Ducassé, Jacques Courtiade, Brondes, Bagneris, Mirapoix, Cuigno, Denis Dader, Savès, Marrast, Jammet Dario, George Dario, Laporte, Verdier, Nebout, Barthélémi Dader et Latrille sont d'avis d'en rester à la délibération du 6 mai ; 3) qu'une requête sera dressée à la diligence du sieur Loubière, nommé syndic par la délibération du 6 mai.

Fait et lu en présence de Damien Gesta, habitant de Labastide-Paumès, et du sieur Bernard Loubière, arpenteur, de la paroisse de Saint-Pé d'Arès, lesquels ont signé avec Pierre Daran, les délibérants sachant signer et le notaire.
(ADHG 3E 23919 cahier 49/15 - Cabestaing)

* Biffé.
** Biffé.
*** Appel interjeté après sentence d'un juge ecclésiastique touchant à des choses du siècle, des choses qui ne sont pas de sa juridiction.
**** Que l'affaire reste sans suite et sans frais.

retour