A
Saint-Frajou, après midi, dans l'étude
du notaire, sont réunis : Jean Mathieu (laboureur),
Bertand Dupin (laboureur), Pierre Dufort (tisserand),
Gabriel Laferrière (tailleur d'habits), Bertrand
Forcade (tisserand) et Gabriel Guchens (brassier).
Ils déclarent que le 13 septembre le 1er consul
de Castelgaillard a convoqué une assemblée
— en menaçant de représailles
ceux qui ne voudraient pas s'y rendre — sous
prétexte d'élire d'autres consuls, mais
qu'en réalité la discussion a porté
sur un tout autre sujet. Il s'agissait de faire appel
d'une sentence prononcée par M. le sénéchal
de Toulouse contre la communauté et contre
ceux de ses membres qui contestaient au curé
le droit de percevoir la dîme et les carnelages.
Mathieu, Dupin, Dufort, Laferrière, Forcade
et Guchens ont dit qu'ils ne souhaitaient pas délibérer
là-dessus et qu'ils s'opposaient à cette
démarche. Ils ont même demandé
que le procès-verbal mentionne bien leur opposition,
mais, au bout du compte, il a seulement été
écrit que la décision de l'appel avait
été prise à la pluralité
des suffrages. Comme ils ne veulent pas être
impliqués dans ce qu'ils considèrent
comme un caprice, qu'ils se doutent bien que l'affaire
tournera au désavantage de ses initiateurs
et qu'ils savent que le curé ne demande rien
de plus que ce que l'usage lui accorde, ils disent
se désister purement et simplement de la délibération
du 13 pour ne pas avoir à encourir de poursuites.
Ils ajoutent qu'ils s'en tiennent aux points portés
par la délibération du 9 décembre
1764, et notamment à la nomination de Bertrand
Gilibert au poste de syndic pour représenter
la communauté devant les tribunaux. Fait et
lu en présence de Jean François Duclos
de la Haille, écuyer, habitant de Saint-Frajou,
qui signe avec le notaire.