Format respecté or not respecté ?
Sur les DVD, la mention « format cinéma respecté » cache souvent des tripatouillages de l'image pas toujours ragoûtants pour tout cinéphile qui se respecte.

Quand la MGM zone 2 met sur le marché une édition 16/9e de Certains l'aiment chaud (Billy Wilder, 1959) en claironnant que le format 1.77 proposé est le format original de l'œuvre, il y a tout bonnement tromperie sur la marchandise. Il suffit pour s'en convaincre de comparer la nouvelle version avec la précédente (1.66 et format vidéo 4/3). On s'aperçoit alors que la version 2 présente une image recadrée, avec plusieurs centimètres d'informations en moins dans la partie inférieure du cadre.

D'aucuns diront : « Bah, quelle importance ? 4 / 5 cm, broutilles que tout cela ! » Pas si sûr.

Entrons dans le film et choisissons une scène : le numéro chanté de Marilyn Monroe à partir de 31'08. Eh bien, par rapport à la version 1, la version 2 massicote la tête de l'actrice à plusieurs reprises (à partir de 31'26) et va même jusqu'à lui couper les pieds ! (31'37) Concernant, les pieds, l'exemple est flagrant : la version 1 propose des pieds entiers plus quelques centimètres de moquette ; la version 2 n'offre que des bouts de pieds. Beau respect du travail du cadreur

Explication possible : le film a probablement été tourné en "open matte" (format 1.33/1.37) et il était diffusé en salle avec des caches lui donnant un ratio 1.66 ou 1.75 voire 1.85...
Cliquez pour voir le comparatif. (en travaux)
 
  L'overscan
S'il suffisait de respecter vraiment le format d'origine des films, on pourrait penser que le problème serait résolu. Or, ce n'est pas si simple. Il y a une donnée technique importante qui est rarement prise en compte : l'overscan.

Késako ? Pour résumer : afin de pallier les baisses de tension et pour dissimuler les distorsions dans les coins du tube cathodique, la plupart des téléviseurs sont mal calibrés et réglés pour procéder à un léger zoom de l'image (l'overscan). Donc, à moins de faire recalibrer sa télévision, on perd entre 4 et 10% d'image sur tout le pourtour de l'écran !

Quoi qu'il fasse, le vidéophile moyen aura donc beaucoup de mal à voir l'intégralité de l'image contenue sur ses VHS ou DVD.
 
Recadrage et overscan : massacre à la tronçonneuse !
la prisonnière du désert
La version DVD 1.33 offre plus d'image en haut et en bas, mais moins sur la gauche de l'écran (sur moniteur).
la prisonnière du désert
La version DVD 1.77 perd beaucoup d'image en haut et en bas, un tout petit peu à droite (voir le coin supérieur droit de la table), mais en gagne sur la gauche (le bouquet de fleurs est plus loin).
 
On pourrait se dire que l'exemple choisi est un peu tendancieux : John Ford avait sans doute prévu le recadrage de son film pour les diffusions en salle. Certes. Mais c'est oublier le deuxième larron : l'overscan. Si l'on visionne ces scènes sur un téléviseur 16/9e standard, le massicotage de l'image va beaucoup plus loin. Jugez par vous-mêmes...
 
overscan1  
Sur chaque photo, on a colorié en jaune la portion d'image qui n'apparaît pas à l'écran à cause de l'overscan.

Ci-contre : image DVD 4/3e (cliquez sur la vignette pour agrandir)
 
overscan2   Image DVD 16/9e.(cliquez sur la vignette pour agrandir).
 
overscan3   Image laserdisc 4/3e (un équivalent réalisé à partir de la capture DVD 16/9e). (cliquez sur la vignette pour agrandir).
 
Récapitulons : 1) les éditeurs ne respectent pas toujours le format d'origine des films ; 2) les téléviseurs ont tendances à zoomer l'image.

Que reste-t-il sur l'écran ?

Prenons l'exemple de : La Prisonnière du Désert (1956, John Ford). En PAL, le film a été édité en laserdisc et en DVD (Warner).

Le laserdisc annonçait un format 1.75. Le DVD, lui, propose deux versions : une version 1.77 (format vidéo 16/9e) et une version 1.33 (format vidéo 4/3). En comparant ces trois versions, on a pas mal de surprises.

Si l'on choisit le même passage, à 1h30'05, on dispose de deux points de repères : un bouquet de fleurs à gauche et une lampe "champignon" à droite.

De quoi en perdre son latin quant au vrai format d'origine du film.

En fait, il est fort probable qu'il ait été tourné en "open matte". L'image de départ était au format 1.37 et on la recadrait pendant les projections au moyen de caches horizontaux. Ces caches permettaient d'obtenir une image plus large que celle de la télévision (une image "Vistavision"), et, en outre, ils permettaient de dissimuler les micros et autres projecteurs que les spectateurs n'étaient pas censés voir. Personnellement, en voyant la version 1.37 en salle, j'ai eu l'opportunité d'en voir quelques-uns.

Ainsi, dans la scène des retrouvailles entre Martin et Laurie (1h33'02), on voit non seulement les queues des poêles pendues au-dessus de la cheminée, mais on voit également un splendide micro se balader d'un personnage à l'autre.

Plus loin, dans le camp des indiens (à partir de 1h46'48), on peut voir le ciel en carton-pâte s'arrêter brusquement pour laisser la place à trois projecteurs allumés ! Horreur, malheur !...
 
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Mise à jour : 24 mars 2004