Labastide-Paumès - 17 novembre 1660
conflit entre la princesse de Courtenay et les communautés de Lussan et Adeilhac
Dans l'après-midi, au château seigneurial de Labastide-Paumès, Hugues d'Alem (docteur agrégé en la faculté de médecine de la ville et cité d'Avignon) est choisi pour procureur par Madeleine de Durfort, princesse de Courtenay, baronne de Lalande dans Bordeaux, de L'Isle-en-Médoc, de la Rivière-en-Fronsadois, de Malvaisie, de Labastide-Paumès et autres places, veuve douairière de Gaspard de Courtenay (prince de sang royal, marquis de Bleneau, Neuvy-sur-Loire, Plancy L'hermitté et autres places).

Hugues d'Alem est chargé de se rendre à Lussan et à Adheillac, de prendre contact avec les consuls en charge pendant les années 1656, 1657, 1658, 1659 et 1660, de leur demander de retirer du rôle de la taille les biens possédés par la princesse dans ces deux paroisses (et, tout particulièrement, la métairie dite de "la Gatie") et d'obtenir le remboursement des sommes considérables perçues sur ces biens au titre de la taille.

A cet effet, il fera valoir : 1) qu'un arrêt du parlement de Toulouse en date du 30 août 1612 avait certifié que les biens possédés par la princesse étaient mentionnés dans les contrats de mariage de feu Bernard d'Orbessan (20 avril 1506) et Gaillard d'Orbessan (11 septembre 1536), qu'elle avait hérité ces biens de feu sa tante Jeanne d'Aydie, veuve de feu Jean d'Orbessan (seigneur de Labastide-Paumès) ; 2) qu'un arrêt de la cour du parlement de Provence en date du 22 mars 1619 avait confirmé l'arrêt de 1612 ; 3) qu'en vertu d'un arrêt et décret du parlement de Provence en date de 1634, elle avait fait faire une saisie générale des biens susmentionnés ; 4) qu'en l'année 1636, elle avait pris possession de la métairie dite de "la Gatie" se trouvant à cheval sur les territoires de Lussan et Adeilhac ; 5) que soupçonnant les consuls de Lussan et Adheillac d'user de mauvaise foi à son encontre, elle avait fait chercher dans les archives royales de la trésorerie de Toulouse, qu'on y avait trouvé un parchemin comportant les aveux et dénombrements rendus au roi en l'année 1540, que ce document prouvait que feu Bernard d'Orbessan possédait la métairie en question, qu'il l'avait acquise d'Odet "de Albigeois" (seigneur de Gauyons), qu'il y exerçait la justice haute, moyenne et basse, et qu'il s'agissait donc d'une terre noble ne pouvant être soumise à la taille ; 6) qu'en cas de refus de remboursement des sommes perçues au titre de la taille, la princesse fera de nouveau valoir ses droits en justice et que les communautés s'exposeront à tous dépens, dommages et intérêts.

En attendant, afin d'éviter de se mettre en infraction vis-à-vis des deniers royaux et d'encourir le logement des gens de guerre, le sieur d'Alem versera 22 livres 1 sol 6 deniers à la communauté d'Adeilhac et 4 livres 8 sols 8 deniers à la communauté de Lussan, sommes représentant la contribution due pour les années 1656 à 1658.

Fait en présence de noble Gabriel de Faudois (seigneur de la Magdelaine) et de Charles Maleval (praticien de Toulouse) qui ont signé avec le sieur d'Alem et le notaire.
ADHG 3E 25433 f°314-316 - Cazac