Les Fêtes d'Hébé ou Les Talens liriques
(Jean-Philippe Rameau, livret d'Antoine Gautier de Montdorge, 1739)
Hébé s'ennuie de l'inconstance et de l'humeur volage des dieux et quitte l'Olympe avec sa suite. L'Amour lui propose d'aller vers les rives de la Seine pour jouir des plaisirs des « talents lyriques », autrement dit de la poésie, de la musique et de la danse. Suivent trois entrées de ballet. La première se déroule sur Lesbos où s'aiment Alcée et Sapho. Un rival jaloux, Thélème, parvient à faire bannir Alcée, mais Sapho fait donner une fête allégorique dont la poésie parvient à émouvoir le roi Hymas qui pardonne à Alcée. Suit une entrée qui nous transporte en Lacédémone. Là, le guerrier Tirtée, renommé pour sa capacité à exalter les ardeurs combattantes de ses hommes par le pouvoir de son chant, obtient du roi de Sparte — Lycurgue — la main de la princesse Iphise pour avoir su triompher de leurs ennemis messéniens. Enfin, le spectacle se transporte dans une fête de village donnée en l'honneur d'Églé qui a un tel talent de danseuse que Terpsichore s'apprête à la récompenser en lui donnant un mari. Prévenu par le berger Eurilas, Mercure se déguise en pâtre et va voir de quoi il retourne. Bien entendu, il tombe instantanément sous le charme de la jeune femme et se met à danser avec elle. Très vite, l'amour s'en mêle et Terpsichore finit par les unir.

Les Fêtes de Paphos (Jean Joseph Cassanéa de Mondonville, livret collectif, 1758)
Vénus, Bacchus et Amour, réunis sur l'île de Paphos, donnent des fêtes pour célébrer leurs premières amours. La première entrée de ballet nous conte l'histoire de Vénus et Adonis. Mars, qui aime Vénus, fait tuer Adonis par un monstre. Pour que le malheureux jeune homme continue de jouir de la lumière, Vénus le transforme en anémone, mais Mars, furieux, arrache la fleur. Intervient alors Jupiter qui, imploré par la déesse, fait renaître Adonis. Dépité, Mars se retire en jurant qu'il va faire un malheur et tout finit par une fête célébrant la victoire de l'amour. Là-dessus, on passe à l'histoire d'Érigone qui se plaint de n'être pas assez aimée de Bacchus qui ne pense qu'à la gloire. Sur le conseil de Mercure, la nymphe organise un divertissement en hommage à son bien-aimé et, bien entendu, celui-ci finit par succomber à ses charmes. Enfin, le poète nous propose l'histoire d'Amour et Psyché. Ces deux-là se vouent une passion qui irrite fort Vénus. Jalouse de la beauté de Psyché, cette dernière charge la furie Tisiphone de lui causer le plus de tourments possible. Dans un premier temps, la constance d'Amour est mise à l'épreuve par un groupe de jeunes beautés, mais l'affaire échoue. Alors on passe aux grands moyens : tandis que les amants voyagent sur la mer, Neptune déclenche une tempête au cours de laquelle Psyché finit par être engloutie. Amour s'en va aussitôt la chercher aux Enfers, mais ne ramène à la surface qu'une fille hideuse et difforme victime d'un maléfice de la furie. D'abord épouvanté, Amour reconnaît la voix de celle qu'il aime et lui conserve toute sa tendresse. C'en est trop : Vénus s'avoue vaincue et décide de réparer les maux qu'elle a causés. Tout finit par un mariage et par l'immortalisation de Psyché.

Les Indes Galantes (Jean-Philippe Rameau, livret de Louis Fuzelier, 1735)
L'œuvre est constituée de quatre entrées de ballet qui nous transportent successivement en Turquie, au Pérou, en Perse et en Amérique du Nord, et qui proposent autant d'histoires édifiantes destinées à vanter la gloire et la puissance du dieu qui règne sur les cœurs. Ainsi, on voit d'abord le Turc Osman libérer la captive Émilie — qu'il aime pourtant d'une passion sans bornes — et la rendre à Valère qui avait eu jadis la générosité de le libérer lui-même alors qu'il était réduit en esclavage. Ensuite, c'est la rivalité de Carlos — officier espagnol — et du grand-prêtre inca Huascar qui est dépeinte. Tous les deux aiment la belle Phani, mais seul Carlos a su capter l'amour de la jeune femme. Se voyant rejeté, le grand-prêtre tente le tout pour le tout : il provoque l'éruption d'un volcan au moyen d'un rocher puis tente d'effrayer Phani en lui expliquant que la catastrophe est le signe que sa passion pour un envahisseur est condamnée par le ciel. Par bonheur, Carlos surgit au moment opportun et confond son rival. Malgré ce qui les oppose, les deux amants se jurent un amour éternel et le prêtre, fou de rage, périt écrasé par des rochers brûlants. Là-dessus, on découvre les aventures de Tacmas, prince persan, qui ne trouve rien de mieux que de se travestir pour obtenir les confidences de Zaïde, l'élue de son cœur. Au terme de ses investigations, il constate avec joie que ses sentiments sont partagés. Mieux : il apprend que Fatime, sa légitime, est en réalité amoureuse d'Ali, son confident, et qu'il a donc les mains libres. Tout est bien qui finit bien ! Enfin, le poète nous emmène en Amérique. Là, on y voit la jeune Zima préférer l'amour du chef Adario à celui, trop volage, du Français Damon, et celui, trop constant, de l'Espagnol Alvar.

Anacréon (Jean-Philippe Rameau, livret de Pierre-Joseph Gentil-Bernard, 1757)
Anacréon aime Lycoris. Il aime aussi le vin ; il l'aime tellement qu'il en vient à oublier sa bien-aimée. Alors qu'il s'est assoupi après une beuverie, un orage le réveille, et l'Amour, mouillé et transi, vient lui dire que Lycoris se meurt. Anacréon comprend alors que le vin seul ne peut remplir sa vie, il y a les sentiments aussi. Honteux d'avoir ainsi délaissé Lycoris, il en appelle à Bacchus et lui demande de régner en paix avec l'Amour.

La Guirlande (Jean-Philippe Rameau, livret de Jean-François Marmontel, 1751)
Le berger Myrtil a trompé Zélide en s'abandonnant dans les bras d'Amaryllis. Il s'en repent bien sûr. Il s'en repent d'autant plus que, pour se jurer fidélité, Zélide et lui avaient tressé deux guirlandes de fleurs qui ne devaient pas se faner tant qu'ils seraient fidèles l'un envers l'autre, et que la sienne, à présent, est toute flétrie. Saisi de remords, il dépose les fleurs sur l'autel de l'Amour et implore l'aide du dieu. Mais voilà qu'arrive Zélide. Le jeune homme s'éclipse. En apercevant la guirlande fanée, la jeune bergère défaille puis se ressaisit. L'idée lui vient que son bien-aimé a peut-être fait amende honorable, et, pour en avoir le cœur net, elle décide de le mettre à l'épreuve. Elle retire les fleurs mortes, dépose sa propre guirlande puis se cache. Une fois de retour, Myrtil n'en croit pas ses yeux : ses fleurs ont retrouvé leur éclat d'antan. Aurait-il été pardonné ? Mais voilà la jeune femme qui sort de derrière les buissons. Son attitude est si étrange que bientôt il éprouve un soupçon : se pourrait-il qu'elle l'eût trahi, elle aussi ? Alors qu'il demande à voir sa guirlande en gage d'amour, Zélide la lui refuse et s'accuse brusquement d'avoir été infidèle. Myrtil reste un moment interdit, puis, se rappelant sa propre faiblesse, il ne peut s'empêcher de lui pardonner. Heureuse, la bergère s'apprête alors à dévoiler son stratagème quand elle a la stupéfaction de trouver la guirlande de son compagnon aussi fraîche qu'au premier jour. Les deux tourtereaux se jurent de nouveau un amour éternel et tout finit par des chants et des danses.

Nélée et Myrthis (Jean-Philippe Rameau, livret de ...)
Nélée et Myrthis s'aiment, mais le jeune homme s'amuse à mettre à l'épreuve sa bien-aimée en lui faisant croire qu'il est attiré par Corinne. Il laisse la jeune femme se ronger les sangs quelque temps, puis, lors d'une fête donnée en son honneur (il vient de remporter les jeux d'Argos), il apaise son angoisse en annonçant devant tous qu'elle est le seul objet de son cœur.

Pygmalion (Jean-Philippe Rameau, livret de Ballot de Sauvot, 1748)
Pygmalion est tombé amoureux d'une statue qu'il a sculptée. Céphise brûle d'amour pour lui, mais il n'a d'yeux que pour son œuvre. Un jour, se trouvant seul devant elle, il a l'énorme surprise de voir la pierre s'animer et se transformer en véritable femme. Ses sentiments pour elle étaient si forts qu'ils ont su lui donner la vie. Sur quoi les Grâces apparaissent, instruisent la statue et l'éveillent à la vie en lui montrant les différents caractères de la danse. Tout finit par une célébration de l'Amour.

Sibaris (Jean-Philippe Rameau, livret de Jean-François Marmontel, 1753)
C'est la fête à Sibaris, la reine Hersilide reçoit l'hommage de ses sujets. Hélas, les réjouissances ne durent pas : voici les troupes crotoniates du général Astole qui débarquent avec armes et bagages. Les Sybarites veulent fuir, mais leur reine les retient et leur demande d'accueillir l'ennemi à bras ouverts. Les envahisseurs sont assez décontenancés, ce pacifisme « efféminé » les laisse pantois et ils ont beau encourager les Sybarites à les suivre au combat, rien n'y fait. En réalité, c'est le général Astole qui, petit à petit, se laisse séduire par Hersilide et par la douceur de vivre à Sibaris. Il finit par renoncer à ses projets sanglants et par appeler ses hommes à déposer les armes. A la fin, on chante et on danse.

Zéphyre (Jean-Philippe Rameau, livret de ...*, vers 1753)
Zéphyre, dieu des vents, est amoureux de la nymphe des bois Cloris. Un jour, il profite de l'absence de Diane — déesse de la chasse et maîtresse des nymphes — pour aborder sa bien-aimée et lui avouer sa flamme. Cloris, qui est soumise à de sévères lois de chasteté, est bien embarrassée. Mais Zéphyre insiste et va jusqu'à solliciter l'aide de l'Amour en personne. Alors qu'il est sur le point d'arriver à ses fins, des cors retentissent, annonçant le retour de Diane. C'est la panique générale. Pourtant, loin de faire un scandale, la déesse — qui s'est elle-même trouvée un amant en la personne d'Endymion — apaise tout le monde, donne son consentement et invite chacun à chanter la victoire de l'Amour. Tout à sa joie, Zéphyre élève Cloris au rang de déesse du printemps et la rebaptise « Flore ». A la fin, nymphes et zéphyrs lui rendent hommage et tout le monde danse.

* Livret attribué à Louis de Cahusac.