Quand la nouveauté déroute
... La musique est d'un nommé Rameau, homme qui a le malheur de savoir plus de musique de Lully. C'est un pédant en musique. Il est exact, et ennuyeux.
 
(Voltaire, 2 octobre 1733, à propos d'Hippolyte & Aricie, Livret du CD Hippolyte & Aricie, Archiv Produktion)
 
Seuls les imbéciles ne changent pas d'avis
Il me serait bien peu séant, monsieur, qu'ayant fait le Temple de la Gloire pour un roi qui en a tant acquis [...] je prétendisse à la moindre rétribution et à la moindre partie de ce qu'on donne d'ordinaire à ceux qui travaillent pour le théâtre de l'Académie de musique. Le roi a trop daigné me récompenser*, et ni ses bontés ni ma manière de penser ne me permettent de recevoir d'autres avantages que ceux qu'il a bien voulu me faire. D'ailleurs, la peine que demande la versification d'un ballet est si au-dessous de la peine et du mérite du musicien ; M. Rameau est si supérieur en son genre, et, de plus, sa fortune est si inférieure à ses talents, qu'il est juste que la rétribution soit pour lui tout entière.
 
Voltaire, lettre à monsieur Berger, Directeur de l'Opéra (de 1744 à 1747), le 13 juin 1746, in "Voltaire, Choix de lettres", éd. L.Brunel, Paris, Librairie Hachette, 1897, pp.160-161.

* Le Temple de la Gloire avait été joué à Versailles le 27 novembre 1745. Voltaire en avait écrit le livret ainsi que pour "La Princesse de Navarre". Selon L.Brunel (citant les mémoires du duc de Luynes), le roi ne s'était réellement montré satisfait que de la musique de Rameau et avait témoigné de la plus grande froideur à l'égard de Voltaire.
 
Mauvaise foi des italianisants
... mais il a beau faire à l'octave, à la septième, hon, hon ; hin, hin ; tu, tu, tu ; turelututu, avec un charivari du diable ; ceux qui commencent à s'y connaître, et qui ne prennent plus du tintamarre pour de la musique, ne s'accommoderont jamais de cela.
 
(Denis Diderot, Le Neveu de Rameau, écrit entre 1761 et 1782, Garnier-Flammarion, 1983)
Portrait par Denis Diderot
... ce musicien célèbre qui nous a délivré du plaint chant (1) de Lulli que nous psalmodions depuis plus de cent ans ; qui a tant écrit de visions inintelligibles et de vérités apocalyptiques sur la théorie de la musique, où ni lui ni personne n'entendit jamais rien, et de qui nous avons un certain nombre d'opéras où il y a de l'harmonie, des bouts de chants, des idées décousues, du fracas, des vols, des triomphes, des lances, des gloires, des murmures, des victoires à perte d'haleine ; des airs de danse qui dureront éternellement, et qui, après avoir enterré le Florentin (2) sera enterré par les virtuoses italiens, ce qu'il pressentait et le rendait sombre, triste, hargneux ; car personne n'a autant d'humeur, pas même une jolie femme qui se lève avec un bouton sur le nez, qu'un auteur menacé de survivre à sa réputation...
(Le Neveu de Rameau, écrit entre 1761 et 1782, Garnier-Flammarion, 1983)
On vous conseille la lecture du livret CD des Ouvertures de Rameau enregistrées par Les Talens Lyriques de Christophe Rousset (L'Oiseau-Lyre 455 293-2).
Source des enregistrements :

Hip. & Aricie : Les Musiciens du Louvre, Marc Minkowski, Archiv Produktion
Les Fêtes d'Hébé : Les Talens Lyriques, Christophe Rousset, L'Oiseau-Lyre
Compositeur
Section lente et pointée
Section vive et fuguée
Jean-Philippe Rameau
1683-1764
extrait Hippolyte & Aricie 1733 168 ko
extrait Les Fêtes d'Hébé 1739 180 ko
extrait Hippolyte & Aricie 1733 162 ko
extrait Les Fêtes d'Hébé 1739 179 ko
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jean-philippe rameau
Jean-Philippe Rameau
Jean-Philippe Rameau (1683-1764)
Que les fans de Lully le veuillent ou non, c'est Jean Philippe Rameau qui rafla "l'héritage familial" et qui, après l'avoir traité avec respect (respect de façade ?), le tritura de plus en plus, lui fit subir de subtiles "manipulations génétiques" pour en faire "sa chose".

Les "ouvertures à la française" de Rameau relèvent d'abord de la plus pure tradition lullyste, mais, peu à peu, elles s'en détachent et finissent par acquérir leur propre personnalité.
L'ouverture à la française
Mise à jour : 30 décembre 2003