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août 1752 : à Fabas, vers midi, le notaire
de Saint-Frajou procède à l'inventaire après
décès de Jean Dufour, voiturier, décédé
depuis trois semaines. L'inventaire est fait à la demande
de Françoise Couture, veuve de Jean Dufour, avec lequel
elle a eu au moins deux enfants encore vivants mais mineurs
: Jean et Jean François. Il est également fait
en présence de : Jacques Dufour et Paule Soulé,
mariés, habitants de Polastron-Bourjac, parents du
décédé ; Barthélémie Salières,
habitante de Fabas, belle-mère du décédé
; Jean Dufour, meunier de Francon, frère du décédé
; autre Jean Dufour, meunier de Montégut-Bourjac ; Raymond
Dufour, voiturier, habitant de Polastron, également
frère du décédé.
Avant de commencer, le notaire précise que l'inventaire
est fait sans préjudice des hypothèques et droits
que Françoise Couture pourrait prétendre sur
l'hérédité de son mari. Il signale aussi
que Barthélémie Salières réclame
une part de l'hérédité, arguant du fait
que son gendre avait tiré profit de biens possédés
par elle pendant une année (année pendant laquelle
elle avait vécu ailleurs). A quoi, les parents du défunt
répondent que sa demande n'est pas fondée parce
qu'après son retour, elle avait vécu dans la
maison de son gendre pendant trois ans et que, partant, elle
se trouvait largement remboursée. Par ailleurs, ils
déclarent qu'elle aurait dû formuler sa demande
avant le décès de son beau-fils. Barthélémie
Salières persiste néanmoins dans sa demande.
Sur quoi, le notaire procède à l'inventaire.
Dans un premier temps, il entre dans l'écurie qui se
trouve orientée au sud-est de la maison et y trouve
:
- 1 cheval de poil gris âgé de 8 ans
- 1 cheval de poil noir, avec une marque blanche sur la tête,
âgé d'environ 10 ans
- 1 cheval de poil châtain âgé d'environ
12 ans
- les harnais pour chacun des chevaux (hobardes* à
moitié usées et rapiécées, sangles,
licols, brides)
- 2 petites clochettes en bon état
- 2 petites clochettes félées
- 2 bâts en bon état
- 2 bâts à moitié usés
- 2 paires de balances garnies de leurs cordes
- 7 sacs d'étoupe en bon état (dont 1 rapiécé)
- 20 sacs d'étoupe en mauvais état, tous rapiécés,
presque hors d'usage
- 4 jeux de corde de chanvre
- 1 jeu de corde en fil du pays
- 1 foret tordu à moitié usé
- 2 paires de vrilles à moitié usées
En second lieu, le notaire entre dans la maison et dans la
pièce où se trouve la cheminée. Il y
trouve un lit et d'autres effets appartenant en partie à
Françoise Couture. Cette dernière désigne
les effets qui étaient à son mari, à
savoir :
- 1 lit composé de couette et coussin bien emplumé,
le tout presque neuf
- 1 couverture blanche en assez bon état
- 1 tour de lit orné de broderies plus qu'à
moitié usé
- 1 bois de lit en hêtre rafistolé dans sa partie
centrale
- 1 caisson de bois de montagne, ferré, fermant à
clef et pouvant contenir environ 1 sac.
Le notaire fait ouvrir le coffre et en sort :
- le contrat de mariage du défunt avec Françoise
Couture, passé le 15 janvier 1741 devant Me Daran
- 1 acte de vente de terre labourable par Pierre Deprax, daté
du 4 mars 1747, devant Me Daran
- 1 acte de vente d'une vigne située à Coueilles
par Jean Senarens, devant Me Daran
A quoi il ajoute** :
- 3 chaises en bois de cerisier et chêne en assez bon
état
- 1 paire de chenêts de fer pesant environ 20 livres
- 1 broche à rôtir en fer
- 1 cassette de cuivre en assez bon état
- 1 cuiller à tremper la soupe en fer en assez bon
état
- 1 lampe en laiton en très bon état
- 1 habit de cadis brun neuf (justaucorps, veste et culottes)
- 1 habit de rase gris blanc très usé et rapiécé
(justaucorps, veste et culottes)
- 1 habit de droguet très usé et rapiécé
(justaucorps, veste et culottes)
- 1 paire de guêtres en droguet en bon état
- 1 paire de guêtres en droguet en mauvais état
et rapiécées
- 1 paire de bottines très usées
- 1 paire de bas en estame usés et rapiécés
- 2 paires de bas en laine usés et rapiécés
- 3 chemises en toile de lin en bon état
- 3 chemises en toile de lin à moitié usées
- 3 paires de souliers pratiquement hors d'usage
- 1 paire de boucles de fer
- 1 couette emplumée à moitié usée
Ensuite, Françoise Couture conduit le notaire hors
de la maison, dans la rue, et, dans un recoin sur le chemin,
elle lui montre :
- 1 petit foinier
- 1 grand foinier
Ces foiniers, où il peut y avoir 10 chars de foin,
ont été achetés à messieurs les
curés de Fabas et Saint-Pé d'Arès et
à François Sentignan (habitant de Fabas) et
ils n'ont pas encore été payés. Les héritiers
de Jean Dufour doivent donc 50 livres au curé de Fabas,
8 livres 10 sols au curé de Saint-Pé et 12 livres
à François Sentignan.
Là-dessus, le notaire demande s'il n'y a pas d'autres
effets à inventorier. Françoise Couture, les
mains posées sur les Saints Évangiles, jure
que non. Elle signale toutefois : 1) que son mari a confié
à Joseph Mirepoix, chargeur au quartier du Plan, une
certaine quantité de laine filée, de quoi faire
environ 6 ou 7 cannes de toile de cadis, 2) que lorsque son
mari est mort elle a vendu un cheval et une mule qui lui appartenait
pour la somme de 90 livres***, 3) qu'en cherchant dans les
effets de son mari elle a trouvé la somme de 62 livres.
Après quoi, elle énumère les débiteurs
de son défunt mari :
- le sieur Jean Desbarax, de Fabas, doit 48 livres
- la nommée Ducassé, d'Aurignac, doit 5 livres
- Jean Dufour, frère aîné, doit 7 livres
2 sols
- Jean Dufour, frère cadet, doit 2 livres 10 sols
Françoise Couture déclare avoir besoin de cet
argent pour : 1) acheter des habits de deuil (pour elle et
ses enfants) et pour payer les funérailles et prières
à Dieu pour le repos de l'âme du défunt,
2) rembourser les curés de Fabas et Saint-Pé
d'Arès et François Sentignan.
Elle énumère ensuite les créanciers de
son mari :
- le sieur Layre de la Hillère, de Fabas, pour 50 livres
et 1 mesure d'avoine
- le sieur Jean Dario, menuisier de Fabas, pour 34 livres
12 sols
- le sieur Louis Dufaut, de Fabas, pour 36 livres 15 sols
6 deniers
- l'église de Fabas, pour 4 livres de blé
- le fouleur du quartier de Manan, pour 4 cannes 2 pans de
cadis d'une valeur de 11 livres
- Paul Laforgue, de Martignan, pour 2 livres 16 sols
- le sieur Loubière, de Fabas, pour 9 livres
- les boulangers de Fabas, pour 2 livres 8 sols
- le sieur Dario, chirurgien de Fabas, 8 livres 12 sols pour
les soins, drogues ou médicaments
- un marchand de sel du Fousseret pour 1 mesure de sel évaluée
2 livres 10 sols.
Françoise Couture déclare également que
son mari avait 5 chevaux qui servaient au transport des fermes
de Saint-Frajou, L'Isle-en-Dodon et Escanecrabe. A ce jour,
sur les 20 sacs de grains de toutes espèces (à
la mesure d'Aurignac) que sont censés lui rapporter
ces chevaux, elle n'a perçu que 5 sacs de caron et
6 mesures de blé (à la mesure de L'Isle-en-Dodon)
et attend le reste, soit : 12,5 sacs de blé froment
et 1 sac en caron, avoine ou fèves.
Pour finir, le notaire déclare que les effets inventoriés
ont été évalués à la somme
de 390 livres, y compris les 62 livres trouvées après
le décès de Jean Dufour, mais non compris les
90 livres provenant de la vente du cheval et de la mule. Fait
et lu en présence de Jean Salières, prêtre
et vicaire de Coueilles, et du sieur Jean Dario, menuisier
de Fabas, qui signent avec le notaire. (ADHG 3E 25700 f°1180-1181vo
- Daran)
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