Montrouge,
14 décembre 1914
Mon cher petit homme,
J'ai reçu ta lettre ce matin. Je suis heureuse
de te savoir
toujours en bonne santé. De notre côté,
il en est de même.
Nous nous portons tous comme des charmes. Les gosses
toujours
diables. J'ai toucher mon allocation ce matin. Nous
avons
étais à la camelote cette après-midi,
avec Anaïs. Aussitôt
rentrer, je t'écris. Je suis heureuse d'avoir
de tes
nouvelles tous les jours. Il n'y en a pas beaucoup
de si favorisée que moi sur ce rapport. A Montrouge,
c'est toujours la même chose. Dans Paris, on
dit
que la guerre ne fait que commencer. C'est vrai
qu'ici on ne vois pas beaucoup que c'est la guerre.
Tous les cinémas marche[nt] et je t'assure
que l'on y voit
rentrer du monde. Je te quitte en t'embrassant de
tout coeur. Ta petite femme chérie. Gabrielle
Bons baisers. Bon courage à mon petit mari.
Les enfants t'embrassent bien.