5 août 1915 : Emile O*** écrit à son épouse
5 août 1915, 2e jour de tranchées

Ma chère petite femme et mes chers enfants,
Hier soir j'ai reçu ta carte du 1er août.
Je suis heureux de vous savoir tous en
bonne santé. De mon côté, il en est de même.
Jusqu'ici tout va bien aux tranchées, sauf
quelques marmites. On y est habitués. Le soleil
veut se faire revoir un peu, car ce matin
il fait beau temps. Encore deux jours et
nous partons en réserve pour 4. Nous sommes
accompagnés la nuit par une bande de souris.
L'autre fois, c'étaient des rats. Enfin, quand
est-ce que cette vie-là finira ! Encore une
vingtaine de jours, ma chère petite femme, et
nous serons ensemble, espérons-le.
Bonjour à Anaïs, aux enfants et à Juliette.
Embrasse bien pour moi les enfants. Avez-vous
reçu vos bagues ? Bonjour à M. Seurre.
Je te quitte ma petite femme chérie et je t'envoie
mes meilleurs baisers. Ton Emile.
Bonne santé à tous. Je n'ai plus de papier.
Je vais t'écrire sur quelques cartes en attendant.

Mille baisers à ma petite femme.

Le mot "marmite" désigne les gros obus ennemis.

carte adressée à Gabrielle ... épouse d'Emile O*** - texte restitué en ligne à ligne (orthographe respectée)