Lanquetot,
le 10 août 1915
Cher Maurice,
Je fais réponse à ta lettre que je
viens de recevoir. Cela m'ennuie beaucoup
que tu vas rester dans les tranchées. J'ai
deux colis que tu ne vas pas pouvoir recevoir.
Pourvu que le beurre se garde. Et le fromage.
J'espère que tu recevras ma lettre avec les
5 L
que je t'ai envoyé hier. C'est là l'essentiel.
Aussi,
probablement que je ne t'enverrai pas de
colis dimanche. Je trouve que ce n'est pas la
peine puisque tu ne vas pas les recevoir. Tu
me diras qu'est-ce que tu en pense. J'espère
que tu ne m'en voudras pas pour cela.
Tu me diras aussitôt qu'il faudra que
je t'en envoi. Je termine en t'embrassant
bien fort et toujours d'amitié.
Ta femme qui t'aime toujours et ne t'oublie pas.
Madeleine
Aujourd'hui, 4 mois que tu es sur le front.