14 avril 1916 : Gabrielle écrit à Emile
Montrouge, 14 avril 1916

Mon cher petit homme,
Ce matin j'ai reçu ta lettre
du lundi. Je suis contente que
tu es reçu ton petit colis. Tu me
dis que tu attendais un petit billet
pour mon anniversaire. Je n'ai pu
le faire, car en ce moment, je suis
plutôt privée, j'arrive juste à
mettre les 2 bouts ensemble, car sur
les marchés on ne fiche rien, et la
vie est très chère, l'allocation ni
suffit pas. Je t'enverrais un petit
billet le 19 avril, car c'est le jour
de l'allocation. Ils nous font
attendre aussi. Ce
qui me mets en rage, c'est que je
ne peut pas faire un sou d'économie.
Toute la petite famille va bien.
Ils sont rentrés de l'école et
s'amusent tous ensemble. A
Montreuil, on ne pense plus à toi.
Moi, je n'ai pas de nouvelles non
plus d'Alice. As-tu des nouvelles
de ton tramway ? Ce matin, j'ai
fais 3°45 à Malackoff. Cela commence
à me dégoûter de ne pas travailler.
Je t'envoie mille bons baisers.
Ta petite femme chérie. Gabrielle.

Les enfants t'embrassent bien fort. Patience.
Confiance.
carte postale adressée à Emile O*** — texte restitué en ligne à ligne (orthographe respectée)