Montrouge,
2 octobre 1915
Mon cher petit homme,
Je viens de recevoir à l'instant, au
courrier de 8 heures [du] soir, tes lettres
du 29 et 30 septembre. Tu vois, les
correspondance ont repris leur cour.
Je suis heureuse de te savoir un peu
au repos, car tu dois en avoir bien
besoin après les terribles jours que vous
venez de passer. Ça continue à bien
marcher sur le front, et de
n'importe quel côté, les Boches
prennent la pillule n°1. Ça
nous mets du baume au coeur
quand on voit le travail que nos
chers poilus font. C'est malheureux
que nous ne pouvons pas aller les aider.
Toute la petite famille est en
bonne santé et assez sages. En ce
moment, ils se couchent, cela ne
va pas sans bruit. Anaïs a reçu
une lettre de sa belle-soeur tantôt.
Elle lui annonce la mort d'Edgard.
Il est mort le 29 juillet, probablement
en Allemagne. C'est malheureux,
elle reste avec 3 enfants en bas âge.
Je te quitte en t'envoyant un
million de baisers. Gabrielle
Les enfants t'embrassent bien fort.
