Le pour
et le contre : De nos jours, en Islande, Kristófer
occupe un emploi routinier de veilleur de nuit sur les
docks de Reykjavik. Quand le soleil se lève, il
rentre chez lui et retrouve sa petite famille —
Iris, sa compagne, et ses deux garçons —
et les soucis d'argent qui l'empêchent de voir l'avenir
avec sérénité. Le tableau n'est pas
brillant, mais, à force d'économies et de
débrouille, le couple devrait pouvoir s'en sortir.
Et puis, un beau matin, c'est la tuile : le propriétaire
de leur appartement leur donne un mois pour quitter les
lieux. Comment faire pour se tirer de ce mauvais pas ?
C'est là qu'intervient Steingrímur, l'ex-compagnon
d'Iris. Il propose son aide à Kristófer
à charge pour lui d'embarquer sur un porte-conteneurs
et d'aller chercher à Rotterdam de l'alcool de
contrebande. Kristófer hésite — autrefois,
il avait été marin, il s'était déjà
livré à la contrebande et avait même
fait de la prison pour cela — puis se laisse convaincre.
Ce qu'il ignore, c'est que ce voyage de douze jours va
l'entraîner beaucoup plus loin que prévu...
On tient là un chouette thriller islandais, court,
efficace, avec, excusez du peu, Arnaldur Indriðason
("La cité des jarres", 2006) au scénario.
On mentirait si l'on disait que les ingrédients
de l'histoire sont totalement inédits, mais l'ensemble
est suffisamment bien ficelé pour que l'on se laisse
prendre par la main. Baltasar Kormákur —
également réalisateur de cinq films —
a une réelle prestance dans ses habits de Kristófer.
En face de lui, Ingvar Eggert Sigurðsson — qu'on
a pu voir dans "Le faucon islandais", "Lumière
froide" ou "La cité des Jarres"
— promène son physique si particulier avec
une assurance de vieux routier. Enfin, Ólafur Darri
Ólafsson — l'homme de main, le sale type
de service — dégage une violence convaincante.
Seule fausse note : le traitement un peu léger
de l'attaque du fourgon à Rotterdam. Autant les
autres scènes de violence du film sont crédibles,
autant ce passage est réalisé avec une relative
maladresse et un humour décalé qui tombe
vraiment comme un cheveu sur la soupe. Quoi qu'il en soit,
c'est à découvrir. Sachez même que
les messieurs-à-gros-cigare d'Hollywood auraient
décidé — avec leur manie du recyclage
à but très lucratif — d'en faire un
remake avec Mark Wahlberg.
Dernière minute : une édition
blu-ray française — avec un titre anglais
sorti d'on ne sait où — est parue en mai
2012. |