Le
pour et le contre
: Erik Bäckström vient de perdre son père.
Il quitte Stockholm où il a servi comme policier
pendant plusieurs années et s'en retourne au pays,
dans le Norrland. Les funérailles sont l'occasion
de retrouver son frère — Leif —, les
souvenirs d'enfance et tous les anciens amis. A n'en pas
douter, cette nouvelle affectation lui permettra de se
donner du bon temps et d'oublier les vicissitudes de la
vie urbaine. Seulement, à partir du moment où
il se met à enquêter sur les braconniers
qui s'en prennent sauvagement aux troupeaux de rennes
des environs, le temps se gâte et il comprend peu
à peu qu'il gêne beaucoup de monde...
Dans ce film — qui a une certaine renommée
en Suède — on lorgne davantage en direction
du thriller hollywoodien violent que du côté
de "Bienvenue chez les Ch'tis". De fait, en
regagnant le Nord, le héros se trouve bien vite
confronté à une bande d'abrutis fortement
alcoolisés, lourdement armés, sexistes en
diable (du reste, les femmes sont étrangement minoritaires
dans cette histoire suédoise), évidemment
xénophobes et particulièrement cruels avec
les animaux. N'en jetez plus ! Cela dit, malgré
le soin apporté à la réalisation,
malgré les grands espaces, malgré la sauvagerie
de la scène de braconnage d'ouverture, cela ne
marche pas tout à fait comme prévu. Là
où les Américains parviendraient à
nous faire vraiment peur en nous confrontant à
une de ces bandes de psychopathes dont ils ont le secret,
Kjell Sundvall peine à nous faire prendre tout
cela au sérieux. Pire : pour peu que l'on connaisse
la région où le film a été
tourné, on a franchement du mal à y croire.
Ce n'est pas qu'il soit impossible de se faire trucider
dans les forêts du Norrbotten, mais cette espèce
de descente aux enfers au pays des Bisournours (parce
que la région d'Älvsbyn, ce n'est pas à
proprement parler le Bronx ou la banlieue de Bagdad) tient
plutôt de la science-fiction. Lennart Jähkel
et Jarmo Mäkinen ont beau avoir la gueule de l'emploi,
il manque ce je-ne-sais-quoi de réalisme et de
conviction (les trois autres acolytes de la bande sont
franchement transparents) qui permettrait d'emporter l'adhésion
du spectateur. "Les chasseurs" est surtout à
prendre comme un exercice de style, voire comme un conte
moral sur le dangereux voisinage des armes à feu
et de l'alcool, mais, côté thriller réaliste
et haletant, on reste un peu sur sa faim. |