Saint-André - 9 janvier 1783
bail de ferme
A Saint-André d'Aurignac, après midi, par devant le notaire de L'Isle-en-Dodon résidant à Saint-Frajou, dame Thérèse de Meritens, veuve de noble Marc Antoine de Lamalathie de Montesquieu, demeurant à Saint-André, donne en bail à Bertrand Dulac, ménager de Saint-Pé d'Arès, quartier de Castillon, les biens qu'elle possède à Saint-André, au lieu-dit de Baudéan, soit : la maison, les terres labourables cultes et incultes, les prés, les bois, les vignes et les joncanas*. Le bail est fixé pour une durée de quatre ans quatre récoltes moyennant la somme de 450 livres par an. Il a pris effet à la dernière fête des Saints et prendra fin le même jour une fois les quatre années révolues. La somme de 450 livres sera payée en trois versements égaux : le premier à la Notre-Dame de septembre, le deuxième à Noël et le troisième à Pâques. Par ailleurs, à la fin du bail, le preneur devra laisser : 1) du bétail à grosses cornes pour une valeur de 150 livres, 2) 6 sacs 2 boisseaux de blé froment, 3) 3 mesures rases d'avoine, 4) 2 mesures de fèves, 5) 5 boisseaux de graines de lin (le tout à la mesure de Lombez), 6) 1 mesure d'orge (à la mesure de L'Isle-en-Dodon).

Il est dit que Thérèse de Meritens se réserve : 1) les appartements de la maison dont elle aura besoin pour son logement, 2) l'écurie pour son cheval, 3) le jardin où sont les poiriers, 4) le pré dit "Le Berger", 5) toutes les poires provenant des poiriers plantés sur ses terres, 6) 32 quintaux de foin du pré dit "Du Bois" (Bertrand Dulac devra en assurer le transport jusqu'aux granges de la maison et la bailleuse sera seulement tenue de régler les "dépenses de bouche"), 7) tous les pigeons, 8) le droit de faire couper et d'exploiter les bois.

Le preneur (ou le bordier** à qui il pourrait bailler les biens en sous-ferme) devra se comporter sur les terres qui lui sont confiées en bon ménager et père de famille. S'il a besoin de bois de chauffage, il pourra en ramasser, mais il lui est fait défense de couper, étêter, ébrancher ou "déshonnorer" les arbres. S'il a besoin de bois pour ses outils aratoires, il devra demander l'autorisation à la dame de Meritens avant de couper quoi que ce soit. Il ne pourra pas laisser son bétail pacager sur les taillis, mais ne sera pas responsable si des bêtes qui ne lui appartiennent pas viennent à y pénétrer. Il pourra, s'il le souhaite, défricher les terrains incultes. S'il ne le fait pas, il n'encourra aucune poursuite. Il pourra également curer les ruisseaux qui sont comblés, mais s'il ne le fait pas il ne sera pas poursuivi non plus. Il devra néanmoins faire en sorte d'empêcher les ruisseaux de déborder sur les prés et les terres labourables. En cas de grêle et si au moins 1/6 des récoltes est emporté, il devra prévenir la bailleuse sous huitaine, verbalement ou par écrit, et faire évaluer les dégâts, à ses frais, par des experts choisis des deux côtés.

Si la dame de Meritens reste dans sa maison de Baudéan, le dernier versement du loyer sera diminué de 40 livres chaque année. Dans le cas contraire, Bertrand Dulac jouira de tous les biens baillés, à l'exception des poires, et devra payer entièrement le loyer.

Pour observer tout ce dessus, les parties obligent leurs biens présents et avenir, et Bertrand Dulac oblige même sa propre personne. Fait et lu en présence du sieur Jean François Loubière, négociant en bois de Fabas, et de Pierre Metgés, ménager de Saint-André. Ils signent avec Thérèse de Meritens, Bertrand Dulac et le notaire.
(ADHG 3E 32228 f°526vo-527 - Daran)

* Les jonchères sans doute.
** Le métayer.

Une confrontation avec le bail de réparation du 8 octobre 1788 est intéressante. On y voit que les biens de la dame de Meritens seront saisis et que, cinq ans plus tard, Bertrand Dulac en sera toujours le fermier.