A
Saint-André d'Aurignac, après midi,
par devant le notaire de L'Isle-en-Dodon résidant
à Saint-Frajou, dame Thérèse
de Meritens, veuve de noble Marc Antoine de Lamalathie
de Montesquieu, demeurant à Saint-André,
donne en bail à Bertrand Dulac, ménager
de Saint-Pé d'Arès, quartier de Castillon,
les biens qu'elle possède à Saint-André,
au lieu-dit de Baudéan, soit : la maison, les
terres labourables cultes et incultes, les prés,
les bois, les vignes et les joncanas*. Le bail est
fixé pour une durée de quatre ans quatre
récoltes moyennant la somme de 450 livres par
an. Il a pris effet à la dernière fête
des Saints et prendra fin le même jour une fois
les quatre années révolues. La somme
de 450 livres sera payée en trois versements
égaux : le premier à la Notre-Dame de
septembre, le deuxième à Noël et
le troisième à Pâques. Par ailleurs,
à la fin du bail, le preneur devra laisser
: 1) du bétail
à grosses cornes pour une valeur de 150 livres,
2) 6 sacs 2 boisseaux
de blé froment, 3)
3 mesures rases d'avoine, 4)
2 mesures de fèves, 5)
5 boisseaux de graines de lin (le tout à la
mesure de Lombez), 6)
1 mesure d'orge (à la mesure de L'Isle-en-Dodon).
Il
est dit que Thérèse de Meritens se réserve
: 1) les appartements
de la maison dont elle aura besoin pour son logement,
2) l'écurie pour
son cheval, 3) le jardin
où sont les poiriers, 4)
le pré dit "Le Berger", 5)
toutes les poires provenant des poiriers plantés
sur ses terres, 6) 32
quintaux de foin du pré dit "Du Bois"
(Bertrand Dulac devra en assurer le transport jusqu'aux
granges de la maison et la bailleuse sera seulement
tenue de régler les "dépenses de
bouche"), 7) tous
les pigeons, 8) le droit
de faire couper et d'exploiter les bois.
Le
preneur (ou le bordier** à qui il pourrait
bailler les biens en sous-ferme) devra se comporter
sur les terres qui lui sont confiées en bon
ménager et père de famille. S'il a besoin
de bois de chauffage, il pourra en ramasser, mais
il lui est fait défense de couper, étêter,
ébrancher ou "déshonnorer"
les arbres. S'il a besoin de bois pour ses outils
aratoires, il devra demander l'autorisation à
la dame de Meritens avant de couper quoi que ce soit.
Il ne pourra pas laisser son bétail pacager
sur les taillis, mais ne sera pas responsable si des
bêtes qui ne lui appartiennent pas viennent
à y pénétrer. Il pourra, s'il
le souhaite, défricher les terrains incultes.
S'il ne le fait pas, il n'encourra aucune poursuite.
Il pourra également curer les ruisseaux qui
sont comblés, mais s'il ne le fait pas il ne
sera pas poursuivi non plus. Il devra néanmoins
faire en sorte d'empêcher les ruisseaux de déborder
sur les prés et les terres labourables. En
cas de grêle et si au moins 1/6 des récoltes
est emporté, il devra prévenir la bailleuse
sous huitaine, verbalement ou par écrit, et
faire évaluer les dégâts, à
ses frais, par des experts choisis des deux côtés.
Si
la dame de Meritens reste dans sa maison de Baudéan,
le dernier versement du loyer sera diminué
de 40 livres chaque année. Dans le cas contraire,
Bertrand Dulac jouira de tous les biens baillés,
à l'exception des poires, et devra payer entièrement
le loyer.
Pour
observer tout ce dessus, les parties obligent leurs
biens présents et avenir, et Bertrand Dulac
oblige même sa propre personne. Fait et lu en
présence du sieur Jean François Loubière,
négociant en bois de Fabas, et de Pierre Metgés,
ménager de Saint-André. Ils signent
avec Thérèse de Meritens, Bertrand Dulac
et le notaire.