Cette ville est si grande et si belle que je n'en
dirai pas la moitié de ce que j'en pourrai
dire, et le peu que j'en dirai est presque incroyable,
car elle est plus grande que Grenade ; elle est mieux
fortifiée ; ses maisons, ses édifices
et les gens qui les habitent sont plus nombreux que
ceux de Grenade [...] et mieux approvisionnés
de toutes les choses de la terre, pain, oiseaux, gibier,
poissons des rivières et autres vivres [...]
Il y a dans cette ville un grand marché tous
les jours, où se pressent plus de trente mille
acheteurs et vendeurs, sans compter une foule d'autres
petits marchés disséminés dans
la place. Il y a dans ce grand marché, toutes
espèces de marchandises en vivres, étoffes
et vêtements que les gens peuvent désirer
; on y voit des joyaux d'or, d'argent, de pierres
précieuses et des ouvrages de plumes d'un fini
merveilleux [...] on y rencontre des poteries de toutes
les formes et peut-être meilleures qu'en Espagne
; ils vendent du bois et du charbon, des herbes comestibles
et médicinales ; il y a des maisons de barbiers
où l'on vous coupe les cheveux et lave la tête
; il y a des bains. Enfin, un ordre parfait règne
dans cette ville dont les gens paraissent sages et
policés comme aucune ville d'Afrique n'en pourrait
offrir un tel exemple.