La
population qui occupe le pays [...] appartient à
une race de taille moyenne, de corps bien proportionné,
avec cette particularité que dans chaque province
ils modifient eux-mêmes leurs physionomies :
les uns se perçant les oreilles pour y mettre
de grands et vilains objets, d'autres se perforant
les cartilages du nez pour y introduire de grandes
pierres rondes qui paraissent des miroirs, et d'autres
se perçant la lèvre inférieure
jusqu'aux dents, pour y pendre de grandes roues d'or
ou des pierres si lourdes qu'elles leur font des lèvres
tombantes [...]
Leurs vêtements sont faits d'une espèce
d'étoffe de gaze couverte de peintures ; les
hommes cachent leurs nudités et s'enveloppent
le buste d'une étoffe très fine et toute
peinte, rappelant les draperies maures ; les femmes
de la basse classe portent une jupe d'étoffe
peinte qui leur tombe sur les pieds avec un petit
corsage qui leur masque les seins ; le reste est découvert.
Les femmes nobles se montrent vêtues de longues
chemises d'une fine étoffe de coton toute brodée
[...]
Leurs vivres se composent de maïs, de quelques
autres grains [...] et de la yuca [...] qu'ils mangent
rôtie, ne sachant pas en faire du pain ; ils
ont leurs pêcheries et leurs chasses, ils élèvent
beaucoup de poules [...] qui sont grosses comme des
paons (1).
Il y a de grands villages fort bien construits ; là
où les pierres abondent, les maisons sont en
pierre, reliées en chaux et mortier [...] ;
là où les pierres manquent, ils les
construisent en adobe (2) qu'ils blanchissent à
la chaux, et les toits sont en chaume.