1535 : la vie quotidienne chez les Amérindiens
[Ils] labourent leur terre avec de petits morceaux de bois, environ de la grandeur d'une demi-épée, où ils cultivent leur blé qu'ils appellent ozisy ; lequel est gros comme des pois [...] Pareillement, ils ont beaucoup de gros melons et concombres, courges, pois et fèves de toutes couleurs, non de la sorte des nôtres. Ils ont aussi une herbe de laquelle ils font grand amas durant l'été pour l'hiver et qu'ils estiment fort [...] Ils font une poudre de ladite herbe et la mettent [dans un cornet], puis ils mettent un charbon de feu dessus et sucent par l'autre bout, tant qu'ils s'emplissent le corps de fumée, tellement qu'elle leur sort par la bouche et par les narines, comme par un tuyau de cheminée. [...] Nous avons expérimenté ladite fumée. Après avoir mis celle-ci dans notre bouche, il semble y avoir mis de la poudre de poivre tant elle est chaude. Les femmes du pays travaillent sans comparaison plus que les hommes, tant à la pêche [...] qu'au labour et autres choses.
(Indiens Toudamans, connus plus tard sous le nom d'Iroquois)
 
Ladite ville est toute ronde et clôturée de bois, sur trois rangs, [...] sur une hauteur d'environ deux lances (1). Et il n'y a dans cette ville qu'une porte d'entrée, qui ferme à barres, sur laquelle, et en plusieurs endroits de ladite clôture, il y a des sortes de galeries et des échelles pour y monter; lesquelles sont garnies de rochers et de cailloux, pour la garde et la défense de celle-ci. Il y a dans cette ville environ cinquante maisons, longues d'environ cinquante pas (2) ou plus, [...] et larges de douze ou quinze pas (3), toutes faites de bois, couvertes et garnies de grandes écorces et pelure dudit bois, aussi larges que des tables et bien cousues [...] Et dans celles-ci, il y a plusieurs âtres et chambres ; et au milieu de ces maisons il y a une grande salle [...] où ils font leur feu et vivent en communauté [...] Et pareillement ils ont des greniers en haut de leurs maisons où ils mettent leur blé duquel ils font leur pain qu'ils appellent carraconny [...] Ils font pareillement force potages dudit blé, et de fève et pois desquels ils ont assez, et aussi de gros concombres et autres fruits. Ils ont aussi de grands vases, comme des tonneaux [...] où ils mettent leur poisson, savoir : anguilles et autres, qu'ils sèchent à la fumée durant l'été, et ils en vivent l'hiver. [...] Tous leurs vivres sont sans aucun goût de sel. Et ils couchent sur des écorces de bois étendues sur la terre, avec de méchantes couvertures de peaux de bêtes sauvages, de quoi ils font leurs vêtements et couvertures, savoir : de loirs, castors, martres, renards, chats sauvages, daims, cerfs et autres sauvagines (4) ; mais la plus grande partie d'eux sont quasi tout nus. [...] Tout ce peuple ne s'adonne qu'au labourage et à la pêche pour vivre.
(Jacques Cartier - dimanche 3 octobre 1535)

1. Environ 10 mètres de haut.
2. Environ 40 mètres de long.
3. Environ 10 mètres de large.
4. Bêtes sauvages à fourrure.