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Les
Amérindiens vus par des Français du 16e
siècle |
Il
y a des gens sur ladite terre, qui sont d'assez belle
corpulence, mais ils sont effarouchés et sauvages.
Ils ont les cheveux liés sur la tête,
à la façon d'une poignée de foin
tressé, et un clou passé dedans, ou
autre chose ; et ils y lient quelques plumes d'oiseaux.
Ils se vêtent de peaux de bêtes, tant
hommes que femmes ; mais les femmes sont plus closes
et plus serrées en leurs dites peaux [...]
Ils se peignent de certaines couleurs tannées.
Ils ont des barques dans lesquelles ils vont par la
mer, qui sont faites d'écorce de bois de bouleau
[...]
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(Indiens
de l'île de Blanc-Sablon, dans la baie Mistanoque) |
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Ces
gens-là se peuvent appeler sauvages, car ce
sont les plus pauvres gens qui puissent être
au monde ; car tous ensemble ils n'avaient pas la
valeur de cinq sous, leurs barques et leurs filets
de pêche exceptés. Ils sont tous nus,
sauf une petite peau dont ils couvrent leur nature
(1), et quelques vieilles peaux de bêtes qu'ils
jettent sur eux en travers. Ils ne sont point de la
nature ni de la langue des premiers que nous avions
trouvés. Ils ont la tête rasée
en rond, tout autour d'une touffe réservée
sur le haut de la tête, qu'ils laissent longue
comme une queue de cheval, qu'ils lient et tressent
sur leur tête en petits tas, avec des courroies
de cuir. Ils n'ont d'autre logis que sous leurs barques
qu'ils retournent, et se couchent sur la terre sous
celles-ci. Ils mangent leur viande quasi crue, après
l'avoir un peu réchauffée sur les charbons,
et leur poisson pareillement.
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1.
Leur sexe.
Jacques Cartier, Première relation de la découverte
de la Terre-Neuve, dite la Nouvelle France, 1534 (Indiens
Hurons-Iroquois — mercredi 22 juillet 1534) |
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Ces peuples sont de bonnes stature et bien proportionnés.
Ils sont blancs, mais vont tout nus : et s'ils étaient
vêtus à la façon de nos Français,
ils seraient aussi blancs et auraient aussi bon air
; mais ils se peignent de diverses couleurs à
cause de la chaleur et de l'ardeur du soleil.
Au lieu de vêtements, ils s'accoutrent de peaux
en manière de manteaux, tant les hommes que
les femmes ; et ils ont de petites culottes qui couvrent
leur nature, aussi bien hommes que femmes. Ils ont
des bas de chausses et des souliers de cuir proprement
façonnés. Ils ne portent point de chemises
et ne se couvrent point la tête, mais leurs
cheveux sont relevés au haut de la tête
et tortillés ou tressés. Pour ce qui
est de leurs vivres, ils se nourrissent de bonnes
viandes, toutefois sans aucune saveur de sel : mais
ils les font sécher et ensuite griller, et
ce, tant le poisson que la chair.
Ils n'ont aucune demeure arrêtée, mais
vont d'un lieu à l'autre où ils croient
qu'ils pourront mieux trouver leur nourriture. [...]
Pour ce qui est de leur pain, ils le font d'une bonne
saveur, avec du gros mil. [...] Leur breuvage est
l'huile de loup marin ; néanmoins, ils la réservent
pour leurs grands festins.
Ils ont un roi dans chaque pays auquel ils sont étonnamment
soumis [...] Lorsqu'ils voyagent d'un lieu à
l'autre, ils emportent dans leurs canots tout ce qu'ils
possèdent. Les femmes nourrissent leurs enfants
à la mamelle et sont continuellement accroupies,
et elles ont le ventre enveloppé de fourrures.
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(Jean
François de La Roque, seigneur de Roberval, Voyage
au Canada, 1542) |
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