1504 : un capitaine français sur les côtes du Brésil
Les Indiens étant gens simples, ne demandent qu'à mener joyeuse vie sans grand travail ; vivant de chasse et de pêche, et de ce que leur terre donne d'elle même, et de quelques légumes et racines qu'ils plantent ; allant demi-nus, les jeunes et ordinaires particulièrement, portant des manteaux, les uns de nattes déliées, les autres de peau, d'autres de plumages [...] avec des sortes de tabliers noués autour des hanches, allant jusqu'aux genoux pour les hommes, et à mi-jambe pour les femmes ; car hommes et femmes sont vêtus de la même manière, sauf que l'habillement de la femme est plus long.

Et les femmes portent des colliers et bracelets d'os et de coquilles ; l'homme non, qui porte à la place un arc et des flèches, avec pour vireton un os soigneusement aiguisé, et un épieu de bois très dur brûlé et acéré par en haut ; qui est toute leur armure.

Et les femmes et les filles vont tête nue, leurs cheveux joliment tressés de petits cordons d'herbes teintes de couleurs vives et luisantes. Quant aux hommes, ils portent les cheveux ballants, avec un cercle de hautes plumes, de teintes vives et bien disposées [...]

Et les habitations des Indiens vont par hameaux de trente, quarante, cinquante ou quatre-vingts cabanes faites comme des enclos de pieux fichés, joints l'un à l'autre, entrejoints d'herbe et de feuilles, dont les habitants sont aussi couverts ; et il y a pour cheminée un trou pour faire en aller la fumée. Les portes sont de bâtons convenablement liés [...]

Et leurs lits sont faits de nattes douces pleines de feuilles ou de plumes, leurs couvertures de nattes, peaux ou plumes tissées ; et leurs ustensiles de ménage de bois, même leurs pots à bouillir [...]

Ces pauvres indiens [...] étaient tout ébahis par la grandeur du navire, l'artillerie, les miroirs et autres choses qu'ils voyaient dans le navire, et surtout parce que par un mot de lettre qu'on envoyait du bord aux gens de l'équipage qui étaient dans le village on leur faisait savoir ce qu'on voulait ; ne pouvant s'expliquer comment le papier pouvait parler [...]

Ils trouvèrent des Indiens rustres, nus comme au sortir du ventre de leur mère, hommes et femmes ; [...] se peignant le corps notamment de noir ; lèvres trouées, les trous garnis de pierres vertes [...] incisés en maints endroits de la peau par balafres, pour paraître plus beaux garçons, sans barbe, mi-tondus. Au reste cruels mangeurs d'hommes ; grands chasseurs, pêcheurs et nageurs ; ils dorment suspendus dans des lits faits comme un filet, s'arment de grands arcs et massues de bois [...]

Ils furent traîtreusement assaillis par ces méchants Indiens, qui tuèrent un page du navire nommé Henry Jesanne, prirent et emmenèrent dans les bois Jacques L'Homme, dit La Fortune, soldat, et Colas Mancel, marinier [...]
(Relation du voyage aux Indes du capitaine Paulmier de Gonneville, 1505)