Les Indiens étant gens simples, ne demandent
qu'à mener joyeuse vie sans grand travail ;
vivant de chasse et de pêche, et de ce que leur
terre donne d'elle même, et de quelques légumes
et racines qu'ils plantent ; allant demi-nus, les
jeunes et ordinaires particulièrement, portant
des manteaux, les uns de nattes déliées,
les autres de peau, d'autres de plumages [...] avec
des sortes de tabliers noués autour des hanches,
allant jusqu'aux genoux pour les hommes, et à
mi-jambe pour les femmes ; car hommes et femmes sont
vêtus de la même manière, sauf
que l'habillement de la femme est plus long.
Et les femmes portent des colliers et bracelets d'os
et de coquilles ; l'homme non, qui porte à
la place un arc et des flèches, avec pour vireton
un os soigneusement aiguisé, et un épieu
de bois très dur brûlé et acéré
par en haut ; qui est toute leur armure.
Et les femmes et les filles vont tête nue, leurs
cheveux joliment tressés de petits cordons
d'herbes teintes de couleurs vives et luisantes. Quant
aux hommes, ils portent les cheveux ballants, avec
un cercle de hautes plumes, de teintes vives et bien
disposées [...]
Et les habitations des Indiens vont par hameaux de
trente, quarante, cinquante ou quatre-vingts cabanes
faites comme des enclos de pieux fichés, joints
l'un à l'autre, entrejoints d'herbe et de feuilles,
dont les habitants sont aussi couverts ; et il y a
pour cheminée un trou pour faire en aller la
fumée. Les portes sont de bâtons convenablement
liés [...]
Et leurs lits sont faits de nattes douces pleines
de feuilles ou de plumes, leurs couvertures de nattes,
peaux ou plumes tissées ; et leurs ustensiles
de ménage de bois, même leurs pots à
bouillir [...]
Ces pauvres indiens [...] étaient tout ébahis
par la grandeur du navire, l'artillerie, les miroirs
et autres choses qu'ils voyaient dans le navire, et
surtout parce que par un mot de lettre qu'on envoyait
du bord aux gens de l'équipage qui étaient
dans le village on leur faisait savoir ce qu'on voulait
; ne pouvant s'expliquer comment le papier pouvait
parler [...]
Ils trouvèrent des Indiens rustres, nus comme
au sortir du ventre de leur mère, hommes et
femmes ; [...] se peignant le corps notamment de noir
; lèvres trouées, les trous garnis de
pierres vertes [...] incisés en maints endroits
de la peau par balafres, pour paraître plus
beaux garçons, sans barbe, mi-tondus. Au reste
cruels mangeurs d'hommes ; grands chasseurs, pêcheurs
et nageurs ; ils dorment suspendus dans des lits faits
comme un filet, s'arment de grands arcs et massues
de bois [...]
Ils furent traîtreusement assaillis par ces
méchants Indiens, qui tuèrent un page
du navire nommé Henry Jesanne, prirent et emmenèrent
dans les bois Jacques L'Homme, dit La Fortune, soldat,
et Colas Mancel, marinier [...]