1492 : Christophe Colomb découvre les Antilles
Apprenez donc qu'en trente-trois jours je suis arrivé aux Indes avec l'armada que me donnèrent mes illustres seigneurs, le roi et la reine. J'y ai trouvé de nombreuses îles dont j'ai pris possession au nom de Leurs Altesses par proclamation et en faisant déployer l'étendard royal [...] Ces îles sont très belles, de contours variés, très pénétrables, recouvertes de mille sortes d'arbres majestueux qui paraissent toucher le ciel. Je crois bien que jamais ils ne perdent leurs feuilles, car je les ai vus aussi verts et beaux que le sont les arbres au mois de mai en Espagne. Certains sont couverts de fleurs, d'autres portent des fruits, chacun selon son espèce. Le rossignol et d'autres oiseaux chantaient de mille manières, alors que je parcourais ces contrées en novembre.

Les gens [d'Hispaniola] et de toutes les îles que j'ai vues vivent tout nus, aussi bien hommes que femmes, tels que leurs mères les ont mis au monde. Ils n'ont ni fer ni acier ; d'armes, ils n'en connaissent pas. Ils sont bien faits et de bonne stature, mais extraordinairement craintifs [...]

Ils n'ont aucune secte ni idolâtrie ; ils croient seulement que la puissance et le bien se trouvent dans le ciel ; et ils croyaient que moi et mes gens nous venions du ciel avec nos navires. En tout endroit où j'accoste, ils me reçoivent avec le respect dû à un être divin, dès que la crainte les a quittés. Et pourtant, ils ont un esprit très éveillé, parcourant toutes ces mers et sachant à merveille rendre compte de tout ce qu'ils y observent ; mais ils n'ont jamais vu d'hommes habillés ni d'embarcations semblables aux nôtres [...]

Pour conclure et parler seulement de ce qui a été fait dans ce voyage, je peux assurer Leurs Altesses que je leur donnerai autant d'or qu'il leur sera nécessaire [...], ainsi que des épices, du coton, autant qu'elles en désireront, et de la gomme autant qu'elles me demanderont d'en charger [...] également des esclaves que l'on pourra prendre parmi les idolâtres. Je crois avoir trouvé de la rhubarbe, de la cannelle [...]
(Lettre de la mi-février 1493)